Trouver une maison d’édition pour un premier roman
Raphaëlle Giordano, Stephen King, Polina Panassenko, Mélissa Da Costa… La lecture de cette suite de noms vous évoque quelque chose ? Quel est le point commun entre tous ces auteur·rices de littérature ? Oui, c’est ça : ils et elles ont tous connu le succès avec leur tout premier livre. Ça fait rêver, non ?
Eh bien après tout, pourquoi pas ! Rêvons, cher·ères primo-romancier·ères, parlons littérature et succès, parlons des recettes qui ont fonctionné, de ce qui a marché pour certain·es ces dernières années et imaginons notre premier roman publié par une maison d’édition, vendu à des centaines, voire à des milliers d’exemplaires.
Alors c’est vrai, n’est pas Françoise Sagan qui veut. Et publier, à seulement 18 ans, un premier roman, devenu un chef-d’œuvre de la littérature française comme Bonjour Tristesse aux éditions Julliard n’arrive pas tous les jours ! En revanche, tous les profils de primo-auteurs et autrices existent. Si certains ressortent un peu plus dans les statistiques (comme les enseignant·es, les chercheur·ses, les journalistes ou les scénaristes), il n’existe pas pour autant un parcours commun à tous les jeunes auteur·rices ayant connu le succès avec leur premier livre. Il y a, en vérité, autant de vies d’auteurs et d’autrices qu’il y a de romans réussis. Il n’existe pas un sujet, une thématique, une écriture, une technique, une logique... Bref, un truc infaillible pour trouver une maison d'édition. Il existe l’art d’écrire : le talent et beaucoup de travail. Un esprit à la fois créatif et méthodique. Un esprit que l’on peut façonner aussi, au fil du temps.
Laissez-nous vous présenter, dans cet article, nos conseils pour mettre toutes les chances de votre côté lorsque vous décidez d’envoyer le manuscrit de votre premier roman à des maisons d’édition.
Prendre le temps de (re)travailler son manuscrit
Écrire un livre – que ce soit un roman, de la non-fiction ou de la jeunesse – prend beaucoup de temps. Mais lorsque ce travail est terminé, votre manuscrit n’est pas pour autant prêt à être envoyé à des maisons d’édition.
Retravailler son texte avant de le présenter à une maison d'édition
L’étape de retravail d’un manuscrit est tout aussi importante que l’écriture en elle-même. En tant qu’auteur et autrice il faut que vous soyez conscient·e de cela afin de prendre le temps nécessaire pour réécrire votre manuscrit. Les maisons d’édition ne s’attendent pas à recevoir des manuscrits parfaits (puisque cela n'existe pas) mais il faut déjà que votre manuscrit soit le plus irréprochable possible en ce qui concerne la structure narrative, le rythme, la cohérence de vos personnages et de votre intrigue.
C’est pourquoi une relecture attentive de votre livre est primordiale avant de pouvoir envoyer un manuscrit à une ou plusieurs maison·s d’édition.
L’atelier Relecture proposé sur Édith & Nous est un excellent moyen d’obtenir un retour de professionnel·le de l’édition sur votre texte afin de vous accompagner dans le travail de réécriture de votre manuscrit et vous permettre de présenter aux éditeurs et éditrices la version la plus aboutie de votre projet littéraire.
S’entraîner à écrire
Il existe plein de façons de s’entraîner à écrire afin de perfectionner son style d’écriture. En tant qu’auteur ou autrice, ces entraînements peuvent être extrêmement bénéfiques pour vous permettre d’améliorer votre manuscrit avant de l’envoyer à une maison d’édition. Vous pouvez participer à des formations d’écriture, dans lesquelles un avis de professionnel·les vous sera donné sur des sujets précis ou alors, vous pouvez également réaliser des exercices d’écriture qui vous permettront à la fois de vous initier aux techniques d’écriture tout en boostant votre créativité littéraire.
Quelles maisons d’édition choisir ?
Les primo-auteurs et autrices ne trouvent pas tous·tes refuge chez le même éditeur·rice. Cependant, certaines maisons comme Actes Sud et les éditions Buchet-Chastel affichent des statistiques un peu plus élevées que la moyenne en termes de premiers romans publiés. Les éditions belges Diagonale se revendiquent littéralement comme une maison de primo-auteur·rices, avec comme slogan « éditeurs de (premiers) romans ».
Mais, de manière générale, l’écrasante majorité des maisons d’édition de littérature sont à la recherche de nouveaux·elles auteur·rices, de nouveaux romans. En tant que primo-auteur·rice, cibler uniquement les éditeur·rices qui seraient spécialisé·es dans la publication de premiers romans est à la fois aléatoire et un peu risqué. Car malheureusement, les maisons d’édition à compte d’auteur en ont fait un argument pour glaner un maximum de manuscrits… Or, si vous recherchez un vrai contrat d'édition, certaines maisons d’édition seront à éviter.
Cerner la ligne éditoriale des maisons d’édition
Commencez par vous rendre dans votre librairie et feuilletez les romans, lisez-en quelques pages, étudiez les quatrièmes de couverture pour mieux appréhender la ligne éditoriale de chaque éditeur·rice. Sélectionnez les maisons d’édition qui vous ressemblent, qui pourraient publier votre histoire.
Vous pouvez également vous rendre sur les sites Internet des maisons d’édition qui vous intéressent et approfondir vos recherches afin de différencier les maisons qui publient des textes du même genre que le vôtre de celles qui ne le font pas. Chaque maison à une ligne éditoriale plus ou moins vaste, à vous de déterminer celles qui correspondent à votre manuscrit !
En effectuant tout ce travail de recherches préalables à l’envoi de votre manuscrit, vous serez plus à même de cerner les lignes éditoriales de chaque maison et donc d’envoyer votre manuscrit à des éditeurs et éditrices susceptibles d’être intéressé·es par votre projet littéraire, et donc, de lui donner une chance. À l’inverse, en envoyant votre manuscrit à toutes les maisons d’édition possibles sans savoir si le genre littéraire de votre texte les intéresse ne vous fera pas trouver un éditeur ou une éditrice plus rapidement !
Toutefois, gardez en tête qu’il peut être plus difficile d’attirer les regards et la curiosité des très grosses maisons d’édition de littérature et qu’il ne sera pas non plus facile de trouver votre place chez les petites maisons d’édition qui publient moins d’une dizaine de livres par an.
Respecter les consignes d’envoi
Chaque maison d’édition est libre de mettre en place ses propres règles d’envoi de manuscrit : par voie postale, par mail, par formulaire avec une mise en page précise, un synopsis obligatoire ou non, un service des manuscrits ouvert à un moment précis et fermé pour le reste de l’année… En bref, il y a autant de conditions que de maisons d’édition ! C’est pourquoi il est très important que vous respectiez précisément ces règlementations, au risque de voir votre projet littéraire mis de côté par une maison pour des raisons purement techniques.
En effet, cela n’est pas utile d’envoyer un manuscrit par la poste à une maison d’édition qui souhaite recevoir des textes uniquement par mail !
La temporalité de l'édition
Le temps de l’édition est long, c’est indéniable. Certaines maisons d’édition reçoivent 3 000, 4 000 voire 6 000 manuscrits par an. Les éditeurs et éditrices doivent par la suite prendre connaissance de tous ces manuscrits et les trier afin de ne garder que les textes qu’ils ou elles souhaiteraient ajouter à leur collection. Ce travail colossal prend beaucoup de temps et c’est pour cela que la temporalité du monde de l’édition ne correspond pas toujours à celle des auteurs et autrices, qui pressé·es et enjoué·es à l’idée d’obtenir un retour, souhaiteraient que les choses avancent plus rapidement.
Les nouveaux acteurs de la chaîne du livre
Pour trouver de nouveaux·elles auteur·rices, les éditeur·rices continuent d’utiliser des méthodes traditionnelles. Mais aujourd’hui, de nouvelles solutions apparaissent et tentent de réajuster le déséquilibre qui existe entre le nombre de manuscrits reçus et le temps disponible pour les lire et répondre aux auteur·rices.
Depuis novembre 2020, Édith & Nous offre une nouvelle alternative aux éditeurs et éditrices en réunissant, sur une seule plateforme, des centaines de manuscrits (inédits ou autoédités) triés par genres et par mots-clés. Ainsi, vos manuscrits ne sont plus enfouis sous une pile de mails ou de courriers, mais visibles par plus de cent éditeurs et éditrices.
Des parcours inspirants
Il existe de nombreux exemples d’auteurs ou d’autrices qui ont réussi le pari fou d’obtenir un grand succès grâce à leur premier roman. Ces parcours inspirants, tant par la résilience que par le travail dont il·elles témoignent, sont la preuve que réussir à faire publier un premier roman demande de la patience et de l’investissement dans son projet littéraire. Publier un premier roman et obtenir la confiance d’une maison d’édition n’est pas quelque chose de facile, mais cela ne veut pas dire que c’est impossible !
Raphaëlle Giordano
En 2015, l’autrice française Raphaëlle Giordano, spécialiste en développement personnel, a publié son premier roman, Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, aux éditions Eyrolles alors qu’elle collaborait déjà avec la célèbre maison d’édition sur des livres de développement personnel. En 2020, son premier roman a dépassé les 2,2 millions d’exemplaires vendus. Plutôt pas mal pour un premier livre !
Polina Panassenko
Plus récemment, à la rentrée littéraire de septembre 2022, l’autrice franco-russe Polina Panassenko a sorti son premier roman Tenir sa langue aux éditions de l’Olivier. Quelques mois après sa parution, son livre a obtenu le prix Femina des lycéens.
Stephen King
Stephen King, auteur américain incontournable des genres de l’horreur ou de l’imaginaire a pourtant lui aussi connu des difficultés à voir son premier roman édité. En effet, son premier manuscrit Carrie a été refusé par plus de 30 maisons d’édition avant d’être finalement accepté et d’obtenir le succès que nous lui connaissons aujourd’hui. Par la suite, il a écrit de nombreux autres livres comme The Shinning, Simetierre ou encore Ça.
Mélissa Da Costa
Tout le bleu du ciel. Ce titre vous dit quelque chose ? Il s’agit du premier roman de l’autrice Mélissa Da Costa, paru pour la première fois en 2019 aux éditions Albin Michel, et qui comptabilise plus de 600 000 exemplaires vendus. Depuis cette première parution, l’autrice française a écrit d’autres romans comme Les Lendemains ou encore Les Douleurs fantômes.
L’après premier roman
Pour les primo-auteurs et autrices ayant eu la chance (sinon le talent, la bonne étoile, la bonne rencontre, le bon timing ou tout à la fois) d’être publié·es par une maison d’édition et d’avoir vendu leur premier roman, il reste à construire une carrière d’écrivain·e. Et finalement, c’est peut-être là que l’histoire commence vraiment !
Nous espérons que cet article vous aura plu et qu’il vous aidera dans vos démarches si vous souhaitez présenter le manuscrit de votre premier roman à des maisons d’édition. Tout ce processus est assez vertigineux et peut, parfois, être décourageant. Mais si vous croyez en votre projet, armez-vous de patience et gardez espoir !