une flèche pointant vers la droite
Tous les articles
Portraits

Portrait - Anne Gourlaouen

Par 

Yoann Bonnard

Le 

Mar 03, 2021

Table des matières

fléche pour ouvrir la table des matières

Originaire de Bretagne, Anne aime la pluie, le vent, les caractères rudes, la pudeur des sentiments. Elle a commencé à écrire tardivement. Le désir d’écrire était là mais la procrastination aussi. Anne se consacre réellement à l’écriture depuis qu’elle est en retraite. Elle a travaillé avec passion et beaucoup d’implication dans un Institut de Rééducation pour enfants et adolescents, un monde de violence malheureusement méconnu, où se côtoient les enfances fracassées. Ce passé professionnel a eu une grande importance dans sa vie. Anne vit à la campagne. Elle a une grande fille qui vit à Sydney.

VOUS PRÉSENTEZ SUR LA PLATEFORME UN RECUEIL DE NOUVELLES AVEC UN TITRE MAGNIFIQUE, MALFAISANCES PARFOIS UNE ROSE, POUVEZ-VOUS NOUS EN PARLER ?

« Oui, moi aussi je le trouve magnifique ce titre. Merci ! Parfois de façon surprenante et complètement inattendue on peut voir une fleur pousser entre deux pavés, sur un mur de pierres ou contre une paroi rocheuse. Cela ressemble assez à l’image que je me fais de l’humanité. Mes nouvelles racontent les coulisses inavouées de l’âme humaine avec sa dureté et sa propension à dominer les plus faibles. Mais dans ce monde rude que je regarde sans indulgence, il y a parfois exceptionnellement un amour sans attente de retour, un courage extraordinaire, ou simplement une gentillesse authentique. C’est la fleur. »

POURQUOI AVEZ-VOUS CHOISI LA FORME DE LA NOUVELLE ?

« Au début par facilité, par doute sur ma compétence, par goût du challenge et pour avoir une échéance à respecter car je suis opérationnelle dans l’urgence. Les concours de nouvelles correspondaient à cela. J’ai eu quelques places honorables et cela m’a encouragée. En fait maintenant j’adore la nouvelle car son format court permet de ciseler son texte. Pour l’obsessionnelle que je suis c’est formidable. Malheureusement on trouve peu de nouvelles sur les rayons des librairies. L’idée communément évoquée est qu’il n’y a pas de lectorat pour les nouvelles. Je pense au contraire qu’il n’y a pas de lecteurs parce qu’il n’y a pas beaucoup de nouvelles. »

QUAND AVEZ-VOUS COMMENCÉ À ÉCRIRE ?

« J’ai commencé à écrire sérieusement quand j’ai pris ma retraite. Je déteste ce mot. Je vais donc dire quand j’ai cessé mon activité professionnelle. Mais j’ai commencé à penser à l’écriture quand j’avais une vingtaine d’années. Avant, étant gamine, je voulais être maîtresse d’école, couturière, infirmière, pas écrivaine.

Comment et pourquoi cette idée de devenir écrivain est-elle apparue à cette époque ? Je n’en sais rien. J’aime lire, passionnément lire, depuis toujours. J’ai toujours un livre en cours et j’ai une préférence pour les livres énormes dont on ne voit pas la fin. Quand j’approche de la fin d’un roman c’est une tristesse et je prévois le livre suivant. Je ne veux surtout pas rester une journée sans livre. Quand je pars en voiture faire une course, j’emporte mon livre. Sait-on jamais, si j’avais une panne ?

Un jour donc, l’idée d’écrire un roman s’infiltre dans mon cerveau. Mais je ne fais qu’y penser. Je dis à ma mère : « Un jour j’écrirai un livre. » Cette phrase, je l’ai prononcée comme une promesse à ma mère et à moi-même. Mais j’avais toujours de bonnes raisons de procrastiner. Une jeunesse que je vivais à fond et une vie professionnelle que je vivais à fond. Vingt ans passèrent. Ma maman a disparu et je n’avais quasiment rien écrit. C’est devenu un regret, un caillou dans ma chaussure qui m’a gênée de plus en plus. J’avais quarante ans.

Malheureusement, je me suis trouvée encore des excuses, justifiées ou pas. Ma vie professionnelle très accaparante et un mariage plus accaparant encore. Après la naissance de ma fille, je me suis intéressée à la littérature enfantine. J’ai écrit et dessiné des petites choses mais rien de vraiment abouti et tout cela est allé dans les tiroirs. Vingt ans passèrent encore !

Aujourd’hui j’ai cessé ma vie professionnelle, j’ai cessé mon mariage et ma fille est une grande fille. Je n’ai plus aucun prétexte à la dérobade. En fait, cela devait sans doute se passer ainsi. Une deuxième vie. C’est génial. J’écris plusieurs heures par jour. L’écriture m’est devenue indispensable. Une nécessité et un bonheur. »

AVEZ-VOUS DES RITUELS D’ÉCRITURE ?

« Oui mais sans les avoir planifiés. D’abord je pense beaucoup à mon histoire. Pendant plusieurs jours. J’ai la chance de vivre dans un paysage d’eau et de marais qui m’inspire. Quand je sors pour courir le long du canal les pensées arrivent, mettent à mal mes velléités sportives mais m’embarquent vers de nouvelles idées. Alors je marche, je pense, je construis des bouts d’histoire. Avant d’écrire le premier mot j’ai besoin de savoir en gros où je vais et quelle sera la chute de ma nouvelle. Puis j’écris mon histoire le plus vite possible du premier au dernier mot, comme une esquisse mais autour d’un tuteur. Ensuite je reprends tout depuis le début et je travaille et retravaille mon texte. À chaque lecture j’ajuste, je modifie, j’améliore mais globalement je garde la trame envisagée au départ. »

AVEZ-VOUS UN TRUC QUAND VOUS BLOQUEZ SUR UNE PAGE BLANCHE ?

« Quand j’ouvre mon ordinateur je sais en gros ce que je vais écrire car j’écris en pensée d’abord. Des phrases toutes construites arrivent mentalement quand je me balade ou quand je conduis ma voiture. Pour ne pas les oublier j’ai essayé le dictaphone. Dire en mots vocaux les mots mentaux. Mais cela ne fonctionne pas du tout. Les pensées fusent beaucoup plus vite que les paroles. En m’enregistrant je perds toute la fluidité, la joliesse et la spontanéité des phrases originales. C’est un grand dommage. Ce serait génial de pouvoir enregistrer la pensée, à la vitesse de la pensée. Si quelqu’un inventait un implant enregistreur, je l'achèterais de suite.

Devant mon écran j’essaie de me souvenir de ces phrases et de ces bouts de paragraphe qui me sont venus en pensée, en me servant des quelques mots-clés écrits sur des bouts de papier, et je travaille. Quand je bloque, j’arrête. »

Avec ou sans pseudonyme ?

« Je me suis toujours dit que je n’utiliserai pas de pseudonyme. Je m’affirme, je suis authentique, je n’ai pas peur de donner mes opinions etc… Depuis peu, je réalise que ce n’est pas si simple. Cette idée préconçue ne tient plus. Mais ma réflexion à ce sujet n’est pas aboutie et j’aimerais savoir ce qu’en pensent les auteurs non-débutants. Peut-on écrire en toute liberté un ouvrage de fiction ?

Les proches, mais aussi tous les autres, ex-connus ou connus de loin, font forcément des liens avec la réalité, avec un vécu parfois partagé, avec les situations, les personnages. Le pseudo n’est-il pas l’artifice pour ne pas blesser les uns et la cuirasse pour ne pas subir les représailles des autres ?

Permet-il d’écrire tout ce qu’on s’interdit de dire dans un cercle familial, dans un dîner entre amis, dans une réunion de travail ? Permet-il d’ouvrir la porte des jardins secrets ? Est-ce une imposture ? Ou est-ce une liberté pure et finalement son vrai soi ? L’écriture est un luxe quand on peut écrire ce qui n’est pas dicible. La vraie question est peut-être "Peut-on absolument tout écrire ?" »

AVEZ-VOUS D’AUTRES PROJETS EN COURS ?

« Je viens de terminer un manuscrit qui est un témoignage de vie. Puis je vais reprendre un roman dans le genre thriller psychologique commencé il y a deux ans. J’ai hâte car je préfère la fiction. J’aime raconter des histoires et j’aime vivre avec mes personnages. »

QU’ATTENDEZ-VOUS DE L’ÉDITEUR QUI VOUS PUBLIERA ?

« Si j’ai la chance d’être publiée, j’espère qu’il ou qu’elle me plaira ! J’espère aussi que cela sera réciproque. J’imagine la relation auteur/éditeur comme une relation faite de compréhension mutuelle, d’échanges, de confiance. Il est important d’être sur la même page. »

Tous vos manuscrits à la portée de plus de 150 éditeurs ! Protégez et présentez vos manuscrits.

CRÉER MON COMPTE AUTEUR
une flèche pointant vers la droite

Nos derniers articles

Nous utilisons des cookies pour améliorer l’expérience utilisateur et la navigation sur le site, pour en mesurer l’audience et en analyser le flux et pour vous proposer des contenus et des publicités personnalisées.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter notre Politique de cookies.

AccepterPersonnaliser mes choix
une croix pour fermer le popup