Les lauréates des prix du roman et du polar non publiés
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Nous avons été invités ce samedi 05 janvier, à Deauville, à la remise du Prix du roman et du polar non publiés décernés respectivement à Claire Sibille et à Céline Picard. Ce concours, imaginé par les éditions Novice, en partenariat avec les Espaces Culturels Leclerc, les Franciscaines de Deauville et Édith & Nous, offre une seconde chance à tous les auteurs n’ayant pas encore trouvé d’éditeur. A l'issue de délibérations passionnées, deux manuscrits refusés par des maisons d'édition ont été sélectionnés, par un jury composé de libraires et présidé par les parrains de cette édition, Jean-Baptiste Andrea et Thomas Cantaloube. Ces manuscrits sont devenus des livres publiés, Inventaires et Le châtiment du sang, qui paraîtront le 11 février.
Nous avons profité d'une averse de pluie normande pour nous mettre à l'abri et interroger les deux lauréates et leur éditeur...
Quelques mots sur le parcours de votre livre ?
Céline Picard : J’ai écrit ce roman en 2019. Après avoir lu de nombreux conseils sur « comment publier son manuscrit », j’ai sélectionné dix éditeurs de polars dont j’apprécie le catalogue et je leur ai soumis mon manuscrit. De ces envois, seules quatre réponses, toutes négatives, me sont revenues : XO, Plon, Cosmopolis et La Manufacture des livres. Deux d’entre eux m’ont proposé de m’auto-éditer via Librinova et m’ont même communiqué un code promo pour « bénéficier de services supplémentaires » sur cette plateforme.
Claire Sibille : J’ai achevé ce roman à peu près au moment où l’histoire se termine, fin 2019 et je l’ai fait relire à un cercle de premiers lecteurs. Ils m’ont permis de prendre confiance dans le livre tout en faisant des corrections essentielles. À l’automne 2020, j’ai rencontré une agente littéraire, Georgia Terzakou, qui a tout de suite accepté de prendre en charge le roman et l’a proposé à neuf maisons d’édition début 2021. La Manufacture des livres et Dalva n’ont pas répondu, Mercure de France a dit que ce n’était pas le bon moment et Grasset a indiqué ne plus prendre de primo-romanciers. Le Dilettante et les Livres Agités ont refusé sans vraiment donner de raison. Enfin pour Le Tripode, L’Observatoire et L’Iconoclaste, le texte ne convenait pas.
Comment avez-vous découvert les prix du roman non publié et du polar non publié ?
Céline Picard : Suite à ces refus, une amie me conseille de déposer mes manuscrits sur Édith & Nous dont elle a entendu parlé depuis peu, ce que je fais. Puis en juin 2021, je reçois un mail d’Édith & Nous m’informant de l’Appel à manuscrits pour le Prix du polar non publié organisé par la maison d’édition Novice. Je n’ai pas hésité à y participer.
Claire Sibille : Je suis tombée sur l’Appel à manuscrits du concours sur Facebook, sur la page d’Édith & Nous. Je m’étais inscrite pour trois mois au lancement du site et je reçois donc toujours leurs infos. J’ai tout de suite envoyé mon manuscrit.
Comment s'est déroulé le travail éditorial sur le texte ?
Céline Picard : Avec Timothé Guillotin, fondateur de la maison d’édition Novice qui a lancé ce Prix du polar non publié, nous sommes entrés dans le vif du sujet rapidement. Nous avons échangé sur ce qu’il fallait faire pour améliorer le texte et il m’a orienté et aidé dans ce travail. J’ai pu réorganiser mon roman sans dénaturer le fond de l’histoire et Timothé a, par ailleurs, toujours pris en compte mon avis. Grâce à lui, j’ai beaucoup appris de cette réécriture et je le remercie à nouveau pour son professionnalisme.
Claire Sibille : Le travail éditorial a été un vrai régal, l’impression de ciseler chaque chapitre et chaque mot, et de prendre du recul par rapport au livre, tout en me l’appropriant en profondeur et en le validant totalement. Cela a été aussi un travail d’affirmation, car si la plupart des corrections étaient pertinentes d’autres non, voire contraires à ce que je voulais écrire, et il a fallu que je puisse le faire passer. Mais ça c’était plus au niveau de la correction et de la maquette. En tous cas le compromis final a été plutôt dans le sens d’améliorer mes propres propositions et je me suis sentie vraiment respectée. J’ai eu un choc positif en voyant la couverture, qui correspond tout à fait au livre, alors que j’appréhendais cette étape et je m’attendais à devoir « me battre » !
Timothé Guillotin : Après les délibérations, j’ai longuement échangé avec les libraires qui composent les deux jury ainsi qu’avec les romanciers qui les président. On était assez d’accord sur le constat : on avait là deux auteures super douées, deux romans très forts mais il fallait apporter un peu de maîtrise dans tout cela. D’emblée, j’ai donc demandé à Céline et à Claire de rédiger un plan de leur livre. Elles ne l’avaient jamais vraiment fait. En s’attelant à cet exercice, elles ont constaté d’elles-mêmes certains déséquilibres à corriger dans leur récit. On a ensuite travaillé la fluidité des chapitres, les points de vue des personnages et le niveau d’information du lecteur, notamment dans le polar pour cultiver la tension et le suspense. Puis, bien sûr, on s’est penché sur l’ensemble du texte. Claire Sibille le dit bien dans ses remerciements : c’est un travail de dentelle mais c’est génial.
Qu'avez vous prévu pour le lancement et la commercialisation de ces deux prix ?
Timothé Guillotin : Publier un roman ce n’est que le commencement du match ! Le plus dur reste à faire. Alors, en s’appuyant sur nos partenaires, les Espaces culturels E.Leclerc de Normandie, Les Franciscaines et Édith & Nous, on prévoit des rencontres et des signatures. On travaille également avec une attachée de presse et une social média manager pour donner de la visibilité aux livres. Nos deux présidents, Thomas et Jean-Baptiste, ont un rôle essentiel dans le dispositif. Ce sont des écrivains confirmés qui connaissent par cœur les rouages de l’édition alors c’est important qu’ils soutiennent nos primo-romancières. Au niveau des librairies, on veille à ce que les livres soient disponibles tout le temps, partout, en soignant particulièrement les Espaces culturels E.Leclerc et les points de vente proches de chez nos auteures. En conclusion, on fait tout pour mettre en lumière ces romans, les crédibiliser et prouver qu’un manuscrit refusé n’est pas nécessairement un mauvais livre !
