Le premier jet : une étape clé de l’écriture d’un roman
Tout comme Rome ne s’est pas faite en un jour, un roman ne s’écrit jamais d’une seule traite. Tous les best-sellers ont commencé par un brouillon, une ébauche, une première version… qu’on appelle le premier jet ! Mais que désigne exactement cette expression de « premier jet », et à quoi sert-il ? Comment arriver à bout d’une première version de son texte ? Quelles sont les étapes suivantes en vue d’une publication ?
Qu’est-ce que le premier jet d’un manuscrit ?
Le premier jet : c’est quoi ?
Le premier jet désigne la première version complète de votre manuscrit. Cela veut dire que vous avez terminé d’écrire votre roman, du début à la fin en passant par le milieu.
Attention, l’impression d’achèvement qui se dégage de cette explication est trompeuse : le premier jet n’est qu’une base de travail, une version « brute » de votre roman. Il comporte l’histoire que vous aviez en tête dans son intégralité, mais avec ses incohérences, ses chapitres manquants ou de trop, ses phrases à retravailler, ses personnages à approfondir, etc.
Il n’est donc évidemment pas question d’envoyer un premier jet à une maison d’édition ! Sa fonction est tout autre.
Le premier jet : à quoi ça sert ?
C’est le propre de tous les premiers jets, du grand écrivain à l’auteur en herbe : ils ne sont jamais parfaits. Leur utilité réside avant tout dans le fait de vous permettre d’avoir une première base complète à améliorer. En effet, difficile d’ajouter les dernières finitions à un manuscrit qui n’existe pas encore ! Il faut donc bien comprendre que la qualité du travail n’est pas ce qui importe pour le moment.
En écrivant un premier jet, vous divisez votre projet d’écriture en deux étapes bien distinctes, ce qui les rend plus facilement réalisables : d’abord la rédaction de votre histoire (le premier jet), puis l’examen critique de ce que vous avez produit (relecture, correction, etc.). La difficulté principale est de ne pas céder à la tentation de faire les deux en même temps. Il est très fréquent d’avoir envie de reprendre le texte qu’on vient tout juste d’écrire, simplement par souci de perfectionnisme, et de continuer en enchaînant écriture, correction, écriture, correction…
Cette méthode est cependant contre-productive : en vous incitant inconsciemment à multiplier les relectures et donc les modifications (souvent mineures) dès que vous écrivez une phrase, elle ralentit fortement votre progression dans la rédaction et vous ne voyez pas la fin de votre texte, ce qui peut créer une forme de découragement. Il faut donc bien séparer les deux phases pour exploiter pleinement les avantages du premier jet.
Comment réussir son premier jet ?
La phase de préparation
Une bonne préparation avant de se lancer dans la rédaction d’une histoire est recommandée pour éviter le fameux syndrome de la page blanche ! Voici donc quelques étapes préalables à réaliser :
- un brainstorming pour noter la moindre idée qui vous passe par la tête
- des recherches, si votre roman s’appuie sur des faits qui exigent des connaissances spécifiques
- un plan détaillé (après avoir trié chaque idée) qui organise le squelette de votre intrigue, construite sur un schéma narratif
- des fiches personnages pour maîtriser vos protagonistes sur le bout des doigts.
Bien sûr, cette méthode n’est pas valable pour tout le monde, certains auteurs trouvent, par exemple, que le plan détaillé ralentit plus qu’il ne permet de hiérarchiser les idées. Toutefois, nous conseillons d’expérimenter cette technique pour déterminer quelle méthode de travail est la plus adéquate et adaptée à votre personnalité. Le brainstorming et les fiches personnages seront peut-être les deux éléments que vous retiendrez, ou uniquement le plan détaillé. Il n’y a pas de règles tant que vous vous sentez à l’aise et efficace !
La phase de rédaction
Place à l’étape la plus intéressante, celle de l’écriture proprement dite ! L’objectif est désormais de vous mettre à écrire sans interruption, en évitant à tout prix de revenir en arrière pour corriger une coquille, de rester figé devant votre page à la recherche du « mot juste », ou de relire sans cesse les derniers chapitres que vous avez écrits. En cas de blocage, votre plan doit être là pour vous guider, même si vous avez bien sûr la liberté de vous en écarter.
Dans les premiers jets, la régularité prime sur la qualité. Une astuce pour vous aider à résister à la tentation de retravailler éternellement vos premiers chapitres sans jamais avancer est de vous imposer un délai (raisonnable) au terme duquel votre premier jet doit être impérativement terminé.
Afin de le respecter, vous pouvez vous fixer un nombre de mots à écrire par jour ou par semaine ; des logiciels tels que Scribbook vous permettent de suivre précisément vos statistiques d’écriture au fil du temps. Vous prendrez ainsi l’habitude d’écrire régulièrement et l’inspiration n’en sera que renforcée !
Des questions, des repérages d’incohérences ou des informations manquantes viendront forcément vous handicaper au cours de la rédaction. Ne les laissez pas vous arrêter : notez simplement ce qui vous vient en tête au fil du texte, en utilisant par exemple la fonction commentaire de Word. Vous pourrez vous atteler à résoudre chaque question plus tard, lors du retravail de votre texte, qui intervient une fois que vous avez rédigé une première version complète.
Que faire une fois le premier jet terminé ?
Retravailler le premier jet en autonomie
Après avoir passé plusieurs mois la tête plongée dans votre projet, la première chose à faire est de prendre une petite pause et de s’en éloigner pendant quelques jours, voire semaines. Profitez-en pour vous consacrer à d’autres activités !
La coupure vous permettra d’aborder à nouveau votre manuscrit avec un œil neuf, lors de la prochaine étape fastidieuse qu’est celle de la relecture/réécriture. Il s’agit là de transformer l’ébauche en projet abouti, de polir le joyau brut pour le transformer en diamant. Vous devrez aussi bien retravailler la structure globale de votre manuscrit (cohérence, rythme, personnages, arcs narratifs, dialogues…) que les aspects plus précis (techniques narratives, figures de style, orthographe et typographie…).
Utiliser les services d’un professionnel
Le moment pendant lequel vous estimez ne plus pouvoir retravailler davantage votre texte ne signifie pas encore qu’il est prêt à être publié : il marque plutôt le moment d’oser confier votre manuscrit à d’autres mains que les vôtres. En effet, à force de le lire et le relire, vous connaissez chaque mot par cœur et certaines erreurs et incohérences vous deviennent invisibles, d’où l’intérêt d’un regard extérieur avisé.
Mieux vaut éviter de solliciter ses proches pour une telle mission, votre lien émotionnel pourrait entraver leur objectivité ! Pour cette raison, tous les services proposés sur Édith & Nous sont assurés par des personnes expertes du monde du livre :
- l’atelier Relecture est constitué de conseillers littéraires, tous éditeurs de formation et de métier, qui vous apporteront un avis critique et constructif sur votre roman ainsi que des pistes d’amélioration
- au sein de notre atelier Correction, des correctrices professionnelles et diplômées en orthotypographie traqueront les moindres coquilles qui vous auraient échappées au cours des différentes relectures
Chez presque tous les écrivains, les premiers jets ne représentent qu’une ébauche, le point de départ de ce qui deviendra un roman publié. Cette étape est donc indispensable, mais surtout pas la dernière : un premier jet non retravaillé n’a pratiquement aucune chance d’être retenu par un comité de lecture (sauf pour les auteurs et autrices de génie…) ! Les maisons d’édition ont certes des exigences variables, mais toutes s’accordent sur un point : le travail éditorial qui sera mené sur le texte doit rester raisonnable. D’où l’importance de ne pas négliger la phase de réécriture.