Le personnage principal, pivot de l'histoire

Les personnages d'un roman sont le socle sur lequel repose l’histoire. C’est à travers eux que vous allez transmettre des émotions et donner vie à votre intrigue, page après page. Sans les personnages, un récit n’a pas d’intérêt pour un·e lecteur·rice. Plus encore, une histoire ne peut pas être pleinement réussie si vous n’avez pas créé un bon personnage principal.

Un bon personnage principal contribuera ainsi au déroulement de l’intrigue et incarnera votre histoire. C’est pourquoi il est fondamental qu’il soit mémorable. Nous vous proposons quelques clés pour créer un personnage principal inoubliable, qui marquera les esprits.

Quelles sont les différences entre les termes personnage principal, protagoniste et héros.oïne ?

Ces trois termes sont parfois mis en opposition. Mais qu’en est-il réellement ?

Le personnage principal

En règle générale, le personnage principal d’un ouvrage est la personne qui nous permet de suivre l’histoire. C’est lui qui nous la raconte à nous, lecteurs et lectrices. On vit les péripéties à travers ses yeux, ce qui en fait la clé de l’action.

Le·a protagoniste

Le terme « protagoniste », souvent considéré comme celui ou celle qui fait avancer l’intrigue et qui la dirige – qui est presque la raison d’être de l’histoire racontée – est défini par le dictionnaire Larousse comme : « Un personnage important d’une pièce de théâtre, d’un film ou d’un roman. » Ou encore comme la « personne qui joue le rôle principal dans une affaire, qui en est l’instigateur ». Nous voyons clairement ici que la distinction entre le protagoniste et le personnage principal n’est pas si nette.

Étymologiquement, le mot « protagoniste » vient du grec prota qui signifie « premier » et d’agonistes qui veut dire « combattant » et « défenseur ». Historiquement, le protagoniste est donc celui ou celle qui a une place de choix dans l’histoire, notamment au théâtre.

Le héros et l'héroïne

La définition du mot « héros·oïne » a connu beaucoup d’évolution. À l’origine, le héros était un homme considéré comme un demi-dieu, un chef de guerre qui se distinguait par ses prouesses dans le domaine des armes, mais aussi comme une personne dotée d’un courage et d’une force particulière. En 1540, le terme « héroïne » apparaît et désigne alors une femme faisant preuve de « force d’âme ». En français moderne, la définition du mot évolue pour devenir également le « personnage principal d’une œuvre littéraire ».

Aujourd’hui, le dictionnaire Larousse définit également les mots héros ou héroïne comme « une personne à qui est arrivée une aventure, qui a joué le principal rôle dans une certaine situation ».

Une distinction... un peu floue !

Il est fréquent de lire que le personnage principal est la personne qui raconte l’histoire et qui est impactée par elle, contrairement au protagoniste qui dirige l’action et fait avancer le récit, tandis que le·l’héros·oïne serait l’association des deux premiers.

Pourtant, les contours qui délimitent les définitions de chacun de ces trois termes sont un peu flous. Il est en effet difficile de nier que le personnage principal, tout comme le ou la protagoniste et le·l’héros·oïne, est la personne la plus touchée et concernée par l’action, elle est au cœur du récit et se doit de faire avancer l’histoire.

Évidemment, si ces trois termes distincts cohabitent c’est bien parce qu’il existe des nuances : par exemple, la notion de « héros·oïne » a une connotation plus spectaculaire, impressionnante, mythique, voire fantastique, avec par extension les super-héros et super-héroïnes qui sont doté·es de pouvoirs surhumains.

Il faut également souligner le fait que le personnage principal, même si ce n’est pas toujours le cas, est très souvent aussi le·a protagoniste. Il arrive même que ces trois rôles se rejoignent dans un seul et même personnage.

Quid de l'antagoniste et de l'antihéros.oïne ?

Il nous semble important ici d‘évoquer deux notions annexes et bien distinctes : l’antagoniste et l’antihéros·oïne.

L’antagoniste

Un·e antagoniste est un personnage qui s’oppose à quelque chose. C’est un rival. Il est celui qui va tout faire pour empêcher le protagoniste d’avancer en freinant ses actions. Il n’est pas nécessairement mauvais et peut même parfois susciter de la sympathie.

L’antihéros.oïne

Un antihéros ou une antihéroïne est un personnage qui ne possède pas les qualités attendues du héros ou de l’héroïne traditionnel·le comme le courage, la force physique, la bravoure, le sens de l’égalité et de la justice. Néanmoins, il possède une place centrale dans l’ouvrage.

L’importance du personnage principal dans la narration

Votre personnage principal peut s’insérer dans la narration de diverses façons. Finalement, peu importe comment vous l’introduisez dans votre texte, du moment qu’il sert votre intrigue et lui apporte de la structure.

Voici quelques clés et plusieurs techniques pour intégrer un·e protagoniste dans son histoire.

Quand le personnage principal est le narrateur

Le personnage principal, en plus de vivre l’histoire, peut également la raconter et donc en être le narrateur. On parle alors de narrateur intradiégétique, c’est-à-dire que le narrateur parle à la première personne du singulier « je », et fait partie de l’histoire.

Dans ce cas-là, il doit narrer à la fois le récit et les évènements qui lui arrivent. Il faut donc qu’il soit un instigateur efficace, mais également que sa narration soit bien construite.

Par exemple, dans son ouvrage Les gens de Bilbao naissent où ils veulent, Maria Larrea nous raconte son parcours de vie lorsqu’elle part à la recherche de ses origines. Elle a donc deux casquettes, celle du personnage principal de son histoire, puisque c’est elle qui effectue ses recherches, évolue et grandit au cours de son récit, et celle de la narratrice qui nous emmène dans sa vie et ses pensées.

Quand le·a protagoniste est en retrait

Il arrive aussi que le·a protagoniste soit un peu en retrait de l’action. Pourtant, nous avons bel et bien l’impression qu’il ou elle est partout dans l’ouvrage. Pourquoi ? Le·a protagoniste a une place centrale dans l’intrigue parce qu’il·elle va être mentionné·e très régulièrement dans le roman et être dans toutes les discussions.

C’est le cas dans Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald dans lequel Gatsby n’apparaît pas si souvent que ça dans la première partie de l’histoire. Pourtant, il est dans toutes les bouches et fait l’objet d’un grand nombre de spéculations quant à son passé et ses origines. Tout cela est raconté par Nick Carraway, le narrateur et le voisin de Gatsby. Nous suivons ce dernier à travers ses yeux à lui et, même si c’est Gatsby qui va faire basculer l’intrigue (protagoniste), Nick a également une place primordiale dans le récit (personnage principal).

Quand le personnage secondaire prend la place du personnage principal

Il arrive également que le personnage principal soit en retrait et qu’au cours de l’ouvrage, il se fasse supplanter par un personnage secondaire. Ce procédé est très intéressant dans la mesure où il permet de faire évoluer un·e protagoniste de façon assez flagrante et implique donc un personnage secondaire suffisamment bien construit, charismatique et intéressant, pour prendre cette place. C'est pourquoi savoir Comment créer une fiche personnage de roman est une très bonne manière de vous aider dans votre projet d’écriture à constituer des personnages forts et marquants.

Stieg Larsson en a fait la démonstration avec sa trilogie Millénium. Dans le premier tome, le personnage principal, le journaliste Mikaël Blomkvist, va faire la rencontre de Lisbeth Salander avec qui il va résoudre une enquête. Dans le deuxième tome de la saga, Lisbeth se retrouve accusée à tort de plusieurs meurtres et va donc prendre petit à petit plus d’espace pour finalement, dans le dernier volume de la trilogie, prendre la place de personnage principal.

Quand il y a plusieurs personnages principaux

Depuis le début de cet article, nous parlons du personnage principal. Mais il se peut également qu’il y ait des personnages principaux dans un même roman. La place du ou de la « meneur·euse » est alors partagée entre plusieurs personnes qui font avancer l’action ensemble et de différentes façons selon leur personnalité.

Dans Le Livre des Baltimore, écrit par Joël Dicker, Marcus Goldman est le narrateur et il est indéniablement une des personnes les plus importantes du récit. Mais il y a aussi Hillel et Woody, qui sont bien plus que des personnages secondaires. Ils sont les acteurs des péripéties dont Marcus est spectateur et à eux deux, ils créeront tous les rebondissements de l’histoire. Ce sont des personnalités fortes, à la psychologie complexe et travaillée, qui prendront la place de personnages principaux, aux côtés de Marcus Goldman.

Comment rendre son personnage principal mémorable ?

Une fois que vous avez décidé du rôle de votre personnage principal dans votre texte, il faut vous assurer qu’il ait un impact non négligeable sur votre lectorat. En effet, l’idéal est d’avoir un personnage principal qui marque les esprits et qui apporte une vraie valeur ajoutée à votre projet.

Donner un objectif à son personnage principal

Pour qu’il soit mémorable et que les lecteurs et lectrices soient intéressé·es par son destin, il faut qu’il soit motivé par un but, une quête. Cet objectif donnera un sens à l’histoire et lui permettra d’évoluer au fur et à mesure des rebondissements qui se dresseront sur son chemin.

Forcément, il faut adapter cette quête au genre de votre roman. Tous les personnages principaux n’ont pas vocation à être confrontés à des évènements tragiques ou à devoir mener des quêtes périlleuses.

Par exemple, votre objectif peut être l’évolution de votre protagoniste et son passage de l’adolescence à l’âge adulte, période durant laquelle il sera confronté à beaucoup de questionnements et de doutes. Son but sera alors d’apprendre à se connaître davantage et d’appréhender le monde sous un nouveau regard. Ces personnages de coming of age story n’auront évidemment pas le même objectif que le personnage principal d’un thriller qui doit mener une enquête et démasquer un·e meurtrier·ère.

Un personnage principal avec des caractéristiques fortes

Ensuite, pour rendre votre personnage principal marquant, il faut lui donner des raisons de l’être : une forte personnalité, de l’humour, des mimiques ou des comportements originaux, une répartie qui détonne, des traits de caractère particuliers…

Vous pouvez également miser sur sa backstory pour le ou la rendre mémorable. La backstory c’est l’histoire avant l’histoire, ce qui s’est passé dans sa vie avant le début du texte. Notre article Comment écrire une backstory passionnante pourra vous guider pour donner une voix singulière à votre personnage principal.

C’est exactement ce qu’a fait Véronique Chauvy dans son roman Aux douceurs du temps, qui met en scène Juliette, une femme qui vit à Clermont-Ferrand à la fin du XIXe siècle. Sa force de caractère et sa persévérance remarquable lui feront surmonter toutes les épreuves qui se dressent devant elle.

Un personnage principal qui fait avancer l'intrigue

Les conseillers et conseillères éditoriaux·les en charge de notre atelier Relecture constatent lors de leurs analyse qu’un des écueils qui revient souvent dans les manuscrits est d’avoir un personnage principal qui ne fait pas suffisamment avancer les choses.

Il ne doit pas être passif, du moins pas pendant toute la durée du récit. Il est nécessaire qu’il prenne la situation en main à un moment donné et agisse pour que l’intrigue avance. Au risque de donner au lectorat une impression de stagner, d’avoir un personnage qui n’évolue pas et de les frustrer puisqu’ils ou elles n’auront pas les réponses à toutes leurs questions.

Les erreurs à éviter

Un personnage principal qui manque de cohérence

Une autre difficulté souvent mise en lumière par notre atelier Relecture est le manque de cohérence d’un personnage. Sa personnalité, sa manière de parler, ses actions : tout doit faire sens.

Il peut tout à fait renfermer quelques contradictions, nous en avons tous et toutes en nous, mais il ne faut pas prêter à un personnage un comportement qui ne lui ressemble pas du tout (sauf, bien sûr, si cela fait partie de sa caractéristique même). Ou alors, le faire changer de niveau de langage d’un dialogue à l’autre, autrement les lecteur·rices risqueraient de sortir de leur bulle de lecture.

Écrire un bon dialogue de roman est un exercice qui peut vite s’avérer difficile, nous avons donc regroupé tous nos conseils à ce sujet dans un article sur notre blog.

Un personnage principal qui ne se distingue pas assez des autres personnages

Vos personnages secondaires portent également l’histoire en entourant le personnage principal, qui ne peut évoluer dans le récit sans eux. Mais il faut prendre garde à ce que ce dernier se démarque suffisamment des personnages secondaires, sans quoi il lui sera impossible d’incarner véritablement son rôle. Si cela est voulu, cela peut être intéressant pour que le personnage secondaire puisse prendre cette place, mais si ce n’est pas le cas, vous allez vous retrouver avec un manuscrit sans véritable héros·oïne et donc sans personne pour porter les évènements de façon satisfaisante.

Nous espérons que cet article vous aura éclairé sur la notion riche et complexe de personnage principal ainsi que sur les méthodes actionnables pour créer des personnages principaux qui marqueront les esprits !