La structure du roman en 5 étapes clés
Vous y êtes ! Vous saisissez enfin votre histoire comme si vous la viviez, vous connaissez parfaitement vos personnages et votre intrigue est inédite ! Il est temps de passer à l’écriture de votre livre. Mais vos doigts restent suspendus au-dessus du clavier : Par où commencer ? À quoi va ressembler mon roman ? Quand dois-je placer mes différentes scènes ? Que vais-je écrire dans mon premier chapitre ?
Si vous vous êtes déjà posé l’une de ces questions, alors vous êtes au bon endroit ! Dans cet article, nous allons vous donner les grandes étapes par lesquelles un récit doit passer pour fonctionner. Encore mieux, vous trouverez quelques méthodes pour réussir à structurer votre roman.
Qu’est-ce que le schéma narratif d’un récit ?
La structure d’un roman s’élabore sous la forme d’un plan, appelé schéma narratif. Ce sont tous les éléments de la narration qui vont composer votre histoire. C’est un peu comme les rouages d’une machine, ou alors la charpente d’une maison. De la même manière, votre roman doit être compréhensible pour pouvoir être lu. Il est nécessaire que le schéma narratif soit complet pour pouvoir élaborer votre roman, mais comme au théâtre, les fils sont cachés en coulisse. La structure doit rester invisible aux lecteurs ou très subtile pour faire ressortir votre talent d’écrivain.
Le schéma narratif est aussi ce qui va permettre de donner une dynamique à votre roman, une sorte de rythme, régulier ou non. En effet, bien que le schéma narratif comprenne des étapes communes à tous les romans, les règles ne sont pas fixes. Libre à vous de jouer sur leur longueur et leur nombre pour rendre votre récit original.
Toutefois, il ne faut pas oublier que les lecteurs n’ont pas connaissance de vos choix, et qu’il est important de ne pas les perdre au beau milieu de votre récit. Ces derniers sont d’ailleurs plutôt bien habitués au fonctionnement type d’un roman, à ses mécanismes. Trop les écarter du schéma narratif classique se ressentira très vite, c’est un risque non négligeable.
Plus ce schéma sera clair dans votre tête, plus votre roman sera structuré. C’est à la fois un guide pour l’auteur et un guide pour le lecteur.
Quelles sont les étapes clés du schéma narratif ?
Définir les différentes parties de son récit est essentiel pour structurer son roman. Voici les phases par lesquelles une histoire doit passer :
L’incipit, ou la situation initiale
Cette première étape constitue une porte d’entrée pour le lecteur qui s’ouvrira sur votre histoire. Un certain nombre d’informations doivent alors être introduites, à la fois dans le fond et dans la forme. Nous consacrons d’ailleurs un article qui évoque précisément les manières de commencer une histoire.
Dans le fond, c’est à ce moment précis que le lectorat va faire la rencontre des personnages. Pas tous, bien entendu, mais au moins des principaux, et bien souvent, du héros. Ils sont mis en scène dans un cadre spatial et temporel qui plongera tout de suite le lecteur dans une ambiance. Vous avez ensuite toute liberté de créer une atmosphère autour. Les descriptions et dialogues viendront alors égrener quelques thèmes et sujets phares de votre histoire, qui, à ce moment-là, devront simplement être abordés en surface pour ne pas empiéter sur les étapes suivantes de la progression du récit.
Dans la forme, c’est à ce stade que le lectorat va découvrir votre style d’écriture, le ton que vous allez employer, le langage choisi, les nuances de votre plume. C’est aussi à ce moment-là que le lecteur va reconnaître le genre auquel appartient votre ouvrage. Un roman feel good ne débutera pas de la même manière qu’un roman noir. Il existe des incipit types pour chaque genres littéraires. Pour vous en imprégner, n’hésitez pas à aller lire ceux des ouvrages d’auteurs appartenant à votre catégorie, par exemple, Stephen King pour le thriller, Agnès Martin-Lugand pour les romances, etc. Juste ici, un témoignage de l’autrice qui exprime l’importance de ses personnages dans la construction de son récit.
Vivez cette étape comme une première rencontre, mais ajoutez-y de la subtilité, et pourquoi pas, de l’originalité. Sans pour autant décourager votre lecteur ! En effet, l’auteur doit garder en tête que c’est l’écriture de la toute première impression qu’il fait. Racontez de sorte qu’il commence à s’interroger.
L’élément perturbateur
L’élément perturbateur est ce qui va venir briser le quotidien de votre héros, et ce, de façon irrémédiable, jusqu’à ce qu’il trouve une solution (l’élément de résolution). Cette phase va prendre une forme différente en fonction des thèmes que vous voulez aborder dans votre récit. Dans les romans jeunesse, l’élément perturbateur est plus visible. Par exemple, le petit garçon se réveille, comme tous les matins, mais il constate que toute sa famille a disparu. Dans les récits policiers, on confie au commissaire une nouvelle enquête, mais qui, cette fois-ci, lui donnera plus de fil à retordre. Dans les romances, c’est souvent la rencontre, la collision avec l’être tant attendu qui constitue l’élément perturbateur.
En résumé, c’est ce qui va venir bouleverser un ordre établi ou une personne, il s’apparente bien souvent à un problème qui crée un conflit intérieur chez le personnage. À partir de celui-ci, le récit peut se mettre en action. Sans élément perturbateur, il ne peut y avoir d’intrigue, il est alors difficile de retenir l’attention du lectorat.
Le déroulement du récit, ou les péripéties
Les péripéties sont des événements qui vont venir jalonner votre récit. Alors que votre héros tente de rétablir l’ordre dans son monde et son quotidien, il va rencontrer des obstacles imprévus. Car oui, il ne doit pas nécessairement trouver la solution tout de suite, sinon l’élément perturbateur risque de perdre de sa valeur. Il va, par exemple, devoir faire des rencontres inattendues, fuir le pays, prendre des risques, sortir de sa zone de confort étape par étape, se tromper, chuter, se blesser ou blesser les autres. Sans péripéties, le héros ne peut retenir ce qu’il a vécu, apprendre, et surtout, évoluer. Dans les romans jeunesse, les enfants établissent des plans, tracent des points de passage sur une carte. À vous, désormais, d’écrire les virages que votre personnage devra prendre avant de terminer sa course.
Pour le lecteur, ce sont des étapes par lesquelles il attend que vous le surpreniez. À partir de cet instant, vous pouvez jouer avec ses émotions, renverser la tendance un certain nombre de fois, sans pour autant le perdre, mais pour garder son attention.
Revenons à notre commissaire et à sa nouvelle enquête, le meurtrier le piège à de nombreuses reprises en l’envoyant sur de fausses pistes.
Dans Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea, Mimo va devoir apprendre beaucoup des autres et vivre des périodes peu glorieuses avant que son art ne rencontre du succès.
« Plus on met d’obstacles sur le chemin de nos héros, plus il y a matière à offrir des rebondissements, à offrir un vrai voyage narratif, géographique au lecteur », Jean-Baptiste Andrea, le 8 novembre 2023 pour France Culture.
L’objectif est de complexifier votre histoire, de la rendre plus dense, de lui donner de la matière pour que votre personnage et le lectorat se souviennent de cette expérience.
L’élément de résolution
L’élément de résolution, aussi appelé dénouement, correspond à la solution finale que votre personnage va trouver. Il peut s’agir de la dernière étape d’un voyage, ou bien d’une idée qui jaillit grâce à une situation ou un rebondissement et permet de remettre de l’ordre.
Lors de sa dernière intervention, le commissaire tombe sur un indice déterminant pour l’enquête, il a désormais toutes les clés du mystère en main, plus aucun doute ne subsiste, il est temps de piéger le meurtrier.
Grâce à cette étape, l’élément perturbateur n’est plus, les problèmes ont été résolus. Vous avez donné une réponse aux lecteurs. Tout semble prendre forme dans leur esprit, cela signifie que jusque-là, votre structure fonctionne, vous y êtes presque !
Attention, votre élément de résolution doit être cohérent avec le ou les problèmes auquel·auxquels faisait face votre personnage. Il doit être à la hauteur des péripéties, des sacrifices subits, pour qu’il puisse procurer une certaine émotion au lectorat.
Dans certains cas, l’élément de résolution peut prendre une forme plus subtile. Une histoire d’amour tragique ne se soldera pas par la résurrection de l’être perdu, mais par le dépassement du deuil, l’évolution intérieure du personnage. Il doit s’apparenter au message que vous souhaitez faire passer, le lecteur doit être capable d’en tirer une conclusion, un peu comme une morale.
L’excipit, ou la situation finale
Vous voilà désormais arrivé à la fin de votre œuvre, il est temps pour vous de la conclure. La difficulté ici est de ne pas confondre la situation finale avec l’élément de résolution. Votre lecteur a conscience que le problème est résolu, ce qu’il souhaite observer désormais, c’est le retour du personnage à son quotidien ou alors son changement radical de vie après ce qu’il a vécu. La fin est pratiquement le miroir du début de votre livre. Ici, l’auteur a le choix entre offrir toutes les réponses ou les laisser en suspens. Il arrive parfois que les auteurs laissent au lectorat la libre interprétation de ce que le personnage va faire. Toutefois, assurez-vous de ne pas frustrer vos lecteurs. Quelques zones d’ombre peuvent subsister à partir du moment où ces derniers ont les moyens de conclure certaines choses par eux-mêmes, c’est une question d’équilibre.
Si vous avez comme projet l’écriture d’une saga, il est possible d’utiliser l’excipit (le dernier chapitre ou l’épilogue) pour introduire subtilement un nouvel élément perturbateur qui donnera lieu à la suite de l’histoire. Toutefois, il faut veiller à donner un peu de repos au personnage pour y déceler son évolution et ainsi, satisfaire les lecteurs. Quelques phrases suffisent ensuite pour jouer avec sa curiosité. À vous d’offrir à votre récit la possibilité d’entrevoir de nouveaux horizons ou non. Oromis fait comprendre à Eragon qu’il l’attend, dans la saga fantasy éponyme de Christopher Paolini.
3 conseils pour bien structurer son roman
Maintenant que vous connaissez toutes les étapes clés de la structure narrative, voici quelques méthodes pratiques pour vous aider à y voir plus clair afin de débuter l’organisation de votre histoire :
Pratiquer une analyse du récit
Il s’agit de relever et de réfléchir sur les points suivants : thèmes, personnages, intrigues, voix narratives, focalisations, style, et autant de caractéristiques qu’il vous sera nécessaire pour bien connaître et comprendre votre roman.
N’hésitez pas à établir des fiches de vos personnages, par exemple, cela vous permettra de mieux les appréhender au cours de l’histoire (leurs réactions, leurs goûts, leurs choix) et de disséminer finement ses informations, pour enfin, rendre compte de leur évolution.
Concernant les sujets que vous souhaitez aborder, établissez une liste de ce à quoi ils se rapportent, signifient pour vous, mais également pour le lectorat à l’époque dans laquelle il vit. Reliez-les à des symboles et développez-les, pour vous les approprier le plus possible.
Élaborer un plan détaillé de son roman
Pour cette méthode, vous pouvez établir des catégories, rassembler vos éléments et les séparer en fonction des thèmes, des événements, des scènes que vous souhaitez créer. Cela vous permettra d’organiser vos chapitres. Vous pouvez fonctionner sous forme de liste, de grands axes, ou bien utiliser des cartes à disposer de manière chronologique, comme une frise, par exemple, pour constituer votre plan. Il vous sera ensuite plus facile, non seulement de visualiser la structure du roman, mais en plus, de la tester et de la modifier. Même si cette étape n’est pas obligatoire, car nombre d’auteurs s’en sortent sans, elle peut grandement vous aider si vous vous sentez perdu.
Réfléchir au rythme et à l’évolution de l’histoire
Une fois que tous vos éléments sont en place et bien clairs pour vous, il va falloir réfléchir à la façon dont ils vont se succéder, sur combien de temps ils vont s’étendre et quelles vont être les transitions entre eux. Allez-vous opter pour des chapitres courts, mais percutants, ou bien plus longs avec des cliffhanger retentissants ?Utilisez l’ellipse pour accélérer l’action ou prenez votre temps pour décrire une scène. Il existe de nombreuses façons d’imposer un rythme à son récit, l’enjeu est de retenir le lecteur et de lui faire apprécier le moment, tout en jouant avec ses émotions d’attentes ou de suspens. Aujourd’hui, les romans bien rythmés sont ceux qu’on ne peut pas lâcher, on les appelle des page turner. Nous consacrons un article qui vous donne quelques conseils pour réussir à écrire un bon page turner.
À vous ensuite, au gré du rythme, de faire progresser votre histoire et les personnages. Vous pouvez choisir l’ordre chronologique, le plus répandu, ou bien les retours dans le passé. En science-fiction, on trouvera bien plus de récits où le futur et le présent s’alternent. Certains ouvrages peuvent vous donner les clés d’écriture de ce genre. Maîtriser le temps de votre histoire lui permettra d’être dynamique, mais veillez à la maintenir cohérente.
Vous l’aurez compris, la structure d’un roman constitue pour l’auteur un enjeu essentiel dans l’écriture d’un livre, et plus largement, une étape à ne pas négliger. C’est ce qui va solidifier votre histoire, la rendre compréhensible et cohérente. Mais surtout, c’est elle qui, en partie du moins, va vous permettre de captiver les lecteurs.
On vous explique juste ici comment construire un arc narratif en l’illustrant par un exemple précis et populaire, Hunger Games.