La routine d’écriture : comment et pourquoi en adopter une
La routine est un mot qui peut faire peur. On y voit le train-train quotidien, l’ennui, la redondance. Pourtant, de nombreux artistes et entrepreneurs ont compris les bénéfices d’avoir des habitudes, et les écrivains n’y font pas exception. Si la routine d’écriture n’est pas un concept récent, loin de là, elle refait surface aujourd’hui, alors que de plus en plus de personnes osent se lancer dans la rédaction d’un roman. Et vous allez voir qu’elle peut avoir bien des avantages. Mais comment l’instaurer et la rendre compatible avec son travail ? On vous explique tout dans cet article.
Les bienfaits d’adopter une routine d’écriture
Certains auteurs parviennent à avancer dans leur manuscrit de façon un peu décousue, « quand ils ont le temps ». Mais il faut reconnaître que cette méthode ne porte pas ses fruits pour tout le monde. Nombreux sont ceux à s’être découragés et à avoir laissé de côté une histoire pendant des années par simple manque d’organisation. Certes, on peut attendre que la grâce divine nous touche, que les muses de la création se penchent pour murmurer à notre oreille. Mais malheureusement, elles ne sont pas toujours disponibles, et si l’on ne provoque pas le destin, l’écriture peut vite être reléguée au second plan, si ce n’est plus, de notre existence.
Finalement, c’est comme le sport. Si on fait une séance par mois, c’est cool, mais pas franchement utile pour réellement se muscler. Pour cela, il faut de la régularité : un peu tous les jours, ou en tout cas plusieurs fois par semaine. De la même manière, si vous souhaitez avancer régulièrement dans votre roman, et de manière efficace, il faudra offrir une place à l’écriture dans votre quotidien. Sans cela, vous vous exposez au risque d’oublier votre histoire entre chaque séance si celles-ci sont trop espacées, de perdre votre motivation, de vous éparpiller avec d’autres nouvelles idées qui feront que vous n’avancerez dans aucun projet.
Quelle routine adopter ?
La routine d’un écrivain peut prendre différentes formes, selon les envies de chacun, ses habitudes de vie, ses obligations. L’important est qu’elle vous corresponde et vous offre le temps nécessaire à la créativité et à l’écriture.
« Oui, mais moi, je travaille, donc je n’ai pas le temps… » Ah ! Beaucoup d’écrivains débutants se cachent derrière cette excuse. Pourtant, l’écriture est parfaitement compatible avec un travail. Franz Kafka, par exemple, n’a jamais vécu de sa plume, il travaillait dans une compagnie d’assurances et écrivait le soir. Il a écrit plus d’une vingtaine de livres tout au long de sa vie. Amélie Nothomb est connue pour sa routine infernale d’écriture qui va de quatre heures à huit heures du matin. Elle avait adopté cette habitude alors qu’elle était salariée au Japon, et elle l’a conservée par la suite.
Il faut donc trouver une plage horaire qui peut s’insérer dans votre emploi du temps. Écrire le matin avant de commencer sa journée peut être une bonne idée : on n’est pas encore pris dans le tourbillon du travail, des mails à traiter, des interactions… Au saut du lit, on a l’esprit encore un peu embrumé par le sommeil, cela peut être un moment propice à la rêverie, et donc à la création de votre histoire. Selon le temps que vous avez, vous pouvez écrire une demi-heure, une heure, voire plus.
Si vous avez une longue pause le midi et que vous êtes bloqué au bureau, plutôt que de perdre votre temps à scroller sur votre téléphone ou votre ordinateur, réservez-vous un moment, vingt à trente minutes, pour avancer dans votre roman. Vous pouvez sinon écrire à votre retour à la maison, ou bien après manger, avant d’aller vous coucher. Certains auteurs ont aussi une routine « éclatée » : ils écrivent tous les jours dès qu’ils ont un moment, cinq minutes par-ci, cinq minutes par-là.
Comment instaurer et respecter votre routine
Sans aucune autre contrainte que sa volonté, il peut être compliqué de s’astreindre à l’écriture tous les jours. Vous pouvez mettre en place plusieurs choses pour réussir à vous y tenir. Avant toute chose, choisissez un moment qui ne vous dérange pas outre mesure. Si vous finissez le travail tard et que vous avez beaucoup de choses à faire à la maison en rentrant avant de vous coucher, peut-être qu’une routine plus tôt dans la journée serait mieux adaptée. Le but n’est pas de passer un moment horrible et contraignant, mais d’aimer ce que vous faites.
Lorsque commence votre séance d’écriture, pensez à bien préparer tout ce dont vous avez besoin pour éviter d’avoir à vous interrompre : vos carnets, un stylo, une boisson, une encyclopédie, vos précédentes notes, un sablier ou un chronomètre, un dictionnaire… Coupez vos réseaux et votre téléphone pour ne pas être dérangé, et prévenez vos proches si vous ne vivez pas seul pour ne pas être interrompu en pleine écriture. D’ailleurs, choisissez aussi un lieu adapté pour écrire. Jane Austen avait l’habitude d’écrire dans son salon familial, et il n’était pas rare qu’elle doive s’arrêter, car des invités débarquaient. Optez pour un endroit tranquille, ou bien isolez-vous avec des écouteurs ou des bouchons d’oreille. Et pour ne pas que votre esprit soit pollué par tout un tas de choses à faire après votre séance, notez vos tâches sur une to-do list.
Si vous sentez qu’une séance toute simple ne sera pas suffisante pour avancer dans votre projet, vous pouvez vous fixer des objectifs, comme un nombre de mots, de pages, de paragraphes… Stephen King a une routine dans ce genre : il doit écrire 2 000 mots par jour, et tant qu’il ne les a pas atteints, il ne fait rien d’autre. Vous pouvez aussi rendre des comptes à quelqu’un, un ami (écrivain ou non), votre conjoint, un membre de votre famille, un coach d’écriture. Savoir que vous devez partager vos avancées peut vous offrir une motivation supplémentaire à écrire.
Enfin, n’oubliez pas que la routine doit vous aider, et en aucun cas vous piéger. Elle peut évoluer au fil de votre carrière d’écrivain, selon vos obligations personnelles, vos projets d’écriture, vos envies. Et même si vous avez une routine déterminée, rien ne vous empêche de travailler sur votre roman en dehors des plages prévues. Si votre séance quotidienne est le matin, ne vous interdisez pas d’écrire en plus le soir si l’inspiration vous a frappé à ce moment-là. Ce serait dommage de passer à côté d’une bonne idée !