La relation auteur-éditeur en 4 podcasts
Depuis le lancement du podcast Dlivrable, qui compte désormais plus de 45 épisodes, un acteur essentiel était resté aux abonnés absents : l’auteur. Dans cette série de podcasts, Dlivrable lui fait la part belle en interviewant six auteurs venus partager leur expérience et évoquer leur premier contrat d’édition.
Certains auteurs font le choix de l’autopublication. Édition traditionnelle ou autoédition, le débat passionne : comment ces deux modèles cohabitent ? Comme abordé dans l’épisode 6 du podcast de Dlivrable, d'un côté, « [...] l’autoédition loin de se passer totalement des maisons d’édition les rend au contraire souvent utiles dans le processus de commercialisation. La publication par une maison d’édition devient une sorte d’aboutissement après un premier succès numérique. Elle permet, parfois, d’envisager des ventes substantielles en librairies physiques. ». D’un autre côté, la publication par une maison d’édition n’assure pas à un ouvrage de rencontrer un lectorat important. En effet, « [...] la transformation du paysage de l’édition, tend inévitablement à priver de toutes chances d’être lues (…) les nouveautés d’exception qui ne répondent pas aux critères de valeurs en vigueur au moment où elles voient le jour. Mais qui remarque l’absence d’un auteur inconnu ? ». Avec ces mots, Jérôme Lindon pointait déjà, en 1998 dans les colonnes du quotidien Le Monde, les conséquences de la concentration éditoriale sur les auteurs.
L’autoédition s’est développée ces dernières années et, même si elle montre des limites structurelles, elle constitue un modèle incontournable dans l’écosystème du livre. Des auteurs préfèrent se passer d’éditeur pour vendre leurs livres par leurs propres moyens. Et il existe de temps à autre des tensions dans le couple auteur-éditeur, mais « [...] c’est seulement en imaginant et en décrivant des solutions alternatives que l’on peut ouvrir le débat ». Pour reprendre les mots d’André Schiffrin au pied de la lettre, la crise en cours est l’occasion de questionner sainement la place, le rôle et la valeur ajoutée de l’auteur d’une part et de l’éditeur d’autre part. Comment se construit ainsi aujourd’hui la relation auteur-éditeur ?
6 auteurs évoquent leur premier contrat d'édition
Dans cet épisode introductif, Benoît Peeters, Émilienne Malfatto, Dima Abdallah, Thomas Gunzig, Gilles Marchand et Mariette Navarro évoquent leur rencontre et leurs premiers échanges avec celui ou celle qui deviendra leur éditeur – aux éditions de Minuit, chez Elyzad, Sabine Wespieser Éditeur, Au Diable Vauvert, Les éditions du Sonneur, Aux Forges de Vulcain, chez Rageot, Antidata, au Cheyne ou encore chez Quidam éditeur. Ils se remémorent ces échanges, parfois leurs illusions et leurs prises de conscience.
Benoît Peeters est spécialiste de Tintin, écrivain, scénariste et critique franco-belge. Il revient sur son premier contrat aux éditions de Minuit pour son livre Omnibus.
Émilienne Malfatto est photojournaliste et nouvelliste. Elle évoque Que sur toi se lamente le tigre, Prix Goncourt du premier roman en 2021, et sa rencontre avec Élisabeth Daldoul des Éditions Elyzad.
Dima Abdallah est une autrice libanaise installée à Paris. Elle parle de sa rencontre avec Sabine Wespieser Éditeur, pour son premier roman Mauvaises Herbes paru en août 2020.
Thomas Gunzig est un auteur belge, romancier et nouvelliste. Il se souvient de son premier contrat pour son roman Situation instable penchant vers le mois d’août – couronné du Prix de l’Écrivain étudiant de la ville de Bruxelles en 1994 – et le chemin qui l’a conduit à rencontrer son éditrice, Marion Mazauric.
Gilles Marchand est un auteur français, romancier et nouvelliste. Il mentionne ses différents premiers contrats, à quatre mains avec Le roman de Bolaño, ou en solo. Il revient aussi sur la rencontre avec ses éditeurs, comme David Meulemans aux éditions des Forges de Vulcain qui a travaillé avec lui sur son premier roman Une bouche sans personne, ouvrage salué par la critique, finaliste de nombreux prix et lauréat du Prix du meilleur roman des lecteurs POINTS 2018.
Mariette Navarro est dramaturge, poétesse et romancière. Elle nous parle de sa rencontre avec Pascal Arnaud, pour son premier roman Ultramarins, paru à la rentrée 2021 aux éditions Quidam et lauréat du prix des lectrices et lecteurs Hors Concours. Mariette Navarro revient aussi sur son premier contrat avec le Cheyne Éditeur.
Le parcours d'écriture avant la publication
Dans cet épisode, Mona Messine, Samuel Delage et Morgane Carmona partagent leur expérience de l’écriture pour tenter de définir le métier d’auteur tout en esquissant les contours du parcours d’écriture qui mène à la publication.
Mona Messine est autrice de récits et fondatrice de Débuts, une revue conçue pour promouvoir des auteurs inédits.
Samuel Delage est romancier, scénariste, chroniqueur culturel sur France 3 et créateur du réseau Les petits mots des libraires. Il a écrit 5 romans à suspense.
Morgane Carmona est responsable éditoriale chez Édith & Nous après avoir été éditrice aux éditions du Chêne, aux éditions EPA et Place des victoires.
Tous trois évoquent le parcours d’écriture avant publication, les qualités d’un bon manuscrit, les vertus des apprentissages pratiques et théoriques ainsi que la rencontre auteur-éditeur. « Le socle premier c’est la confiance entre un auteur et un éditeur », explique Samuel Delage. Mais comment cette relation de confiance auteur-éditeur se construit-elle ?
Le contrat : la naissance du couple auteur-éditeur
« Un contrat d'édition a pour objectif de définir ce qui va être transmis et la rémunération de la personne qui aura fait connaître l’objet. La difficulté, c’est que l’objet est une création, c’est une œuvre de l’esprit. C’est pour cela que ce contrat est extrêmement réglementé et qu’il est [encadré par] des règles précises. »
Dans cet épisode, Magaly Lhotel, avocate spécialisée en propriété intellectuelle, introduit la question du contrat qui lie auteurs et éditeurs.
À ses côtés, on trouve Valérie Miguel Kraak, Valentin Vauchelles et Katia Kaloun.
Quatre voix pour répondre à des questions importantes sur la naissance et la consolidation du couple auteur-éditeur : comment le contrat éditorial lie-t-il auteurs et éditeurs ? À quoi doit-on être attentif ? Quelle attitude adopter pour une collaboration éditoriale optimale ?
Valérie Miguel Kraak est agent littéraire, Katia Kaloun directrice éditoriale et Valentin Vauchelles, cofondateur d’Édith & Nous. Leurs visions, loin de s’opposer, se complètent ; elles présentent les intérêts divergents des auteurs et éditeurs, disposant souvent de connaissances variées, confrontés généralement à une réalité différente, mais partageant un même objectif : conduire un texte vers le maximum de lecteurs.
Katia Kaloun, directrice éditoriale pour les maisons d’édition Kiwi et Frison-Roche Belles-Lettres, décrit la manière dont elle s’emploie à instaurer une relation de confiance avec les auteurs et comment chacun y trouve sa place.
Valérie Miguel Kraak, agent littéraire, précise la nature de son intervention dans la relation auteur-éditeur et ce qui peut amener un auteur à changer de maison d’édition, à la solliciter ou à lui préférer un avocat.
Valentin Vauchelles, cofondateur d’Édith & Nous, parle de son nouveau modèle dans le paysage éditorial français : un site et une équipe dédiée pour que les auteurs présentent leurs textes dans les meilleures conditions et que les éditeurs accèdent à une production filtrée de manuscrits.
Magaly Lhotel, avocate au barreau de Paris, détaille les points clés à interroger dans un contrat, que l’on soit auteur ou éditeur. Elle évoque aussi les conflits d’intérêts possibles quand un avocat est sollicité à la fois par des auteurs et des éditeurs. Enfin, elle explique la différence entre les métiers d’avocat et d’agent littéraire.
La relation auteur-éditeur après publication
Il est impossible d’aborder le sujet sans replacer le couple auteur-éditeur dans son écosystème. Aussi, ce dernier volet propose d’interroger le rôle de l’auteur et de l’éditeur après la parution d’un livre. L’auteur consacre parfois des années au perfectionnement de son texte, l’éditeur prend, lui, les risques financiers. Mais au moment de remettre le Bon à Tirer, tous deux passent le relais. Comment la chaîne du livre s’articule-t-elle ? Comment les œuvres s'inscrivent-elles dans la durée ?
Pour répondre à ces questions, trois professionnels partagent leur expérience : Adrien Servières, David Meulemans et Thomas Vivien. Ils n’évoquent pas de solution miracle, mais « un temps d’attention » nécessaire, dixit l’un de nos invités du jour. Ensemble, ils soulèvent des questions indispensables si l’on veut limiter les fausses routes et les morts subites.
Adrien Servières a cofondé en avril 2021 la maison d’édition Le Bruit du monde avec Marie-Pierre Gracedieu. Il a acquis une longue expérience commerciale, comme libraire d’abord, responsable commercial et de la cession de droits chez l’éditeur, puis coordinateur du fonds du catalogue du CDE – le Centre de Diffusion de l’Édition. Il parle notamment de l’importance de mettre en place une production raisonnée, coordonnée et de l’utilité de travailler les titres en amont pour pérenniser les ouvrages.
David Meulemans a fondé les éditions Aux forges de Vulcain, créé l’outil Draft Quest et rédigé l’essai Écrire son premier roman en 10 minutes par jour. Il partage sa vision du métier d’éditeur, évoque le travail de pédagogie à mener avant tout contrat auteur-éditeur et revient sur son expérience d’auteur.
Thomas Vivien a cofondé Édith & Nous. Il avait préalablement piloté pendant 10 ans la stratégie commerciale de la maison d’édition allemande Taschen en France et dans les pays francophones. Il détaille le fonctionnement commercial éditeur-diffuseur et revient sur la nécessité d’une communication entre auteurs et éditeurs pour éviter les tensions alimentées par une mauvaise perception de leurs enjeux respectifs.
Tous les interlocuteurs interrogés dans cette série de 4 épisodes partagent une vision commune : la perspective d’une édition sans éditeurs, ou d’auteurs sans éditeurs conduirait à de nombreux divorces dommageables pour toute progéniture littéraire.