Portrait - Juliette Sachs
Après avoir été sacrée ceinture noire dans la pratique des sites de rencontres, médaille d’or des relations amoureuses compliquées et meilleur espoir féminin dans la catégorie « ma carte bleue est incontrôlable », Juliette Sachs a décidé de s’inspirer de ses mésaventures pour écrire des romans. Depuis toute petite, elle dévore tous les livres qui lui passent sous la main, avec une préférence pour les thrillers, les romans feel-good et les comédies romantiques. C’est donc tout naturellement qu’elle se lance en 2017 dans l’écriture de son premier roman, un « cosy mystery », mêlant l’humour et le suspense qu’elle a toujours appréciés dans ses lectures. Après les cosy mysteries, elle s’essaye aux romans feel-good, mettant en scène des femmes attachantes, dotées d’un fort caractère et de beaucoup d’humour (et parfois un peu gaffeuses…).
Ces romans n’ont (fort heureusement) rien d’autobiographique. Dans la vraie vie, l’existence de Juliette Sachs est beaucoup plus calme que celle de ses héroïnes. Elle habite en région parisienne, mais demeure très attachée à la Bretagne dont sa famille maternelle est originaire. Après des études de droit, elle exerce le métier de juriste dans une grande entreprise pendant une quinzaine d’années, avant de basculer vers le domaine de l’innovation en tant que chef de projet.
Vous présentez actuellement deux manuscrits sur Édith & Nous, pouvez-vous nous en parler ?
« Comme beaucoup d’auteurs, j’ai en effet été assez productive pendant les périodes de confinement. J’ai ainsi pu terminer deux manuscrits et les déposer sur Edith & Nous. Le premier, La philosophie de l’autruche, est un roman feel-good mettant en scène Noémie, une jeune femme de 37 ans qui se retrouve au chômage après un drame professionnel qu’elle tente d’oublier. Pour ne pas perdre ses allocations chômage, elle accepte un boulot de photographe pour un mariage. Lorsqu’une fois sur place, elle découvre que deux de ses anciens collègues figurent parmi les invités, la situation vire au désastre et le passé qu’elle essaye de dissimuler refait surface. Et pour ne rien arranger, la voilà accusée de vol. Mais alors qu’elle croit toucher le fond, l’aide d’une pétillante vieille dame va bouleverser sa vie.
Mon second roman est un cosy mystery, en d’autres termes un polar léger, sans violence ni sang, dont le héros qui mène l’enquête est un amateur (c’est-à-dire ni un policier, ni un détective privé). Dans Cadavre et talons aiguilles, nous suivons les aventures de Camille, une journaliste sympathique et gaffeuse, qui passe un week-end entre copines pour l’enterrement de vie de jeune fille de sa meilleure amie. Malheureusement, rien ne se déroule comme prévu et le séjour de rêve tourne à la catastrophe puisque la bague de fiançailles de la future mariée disparait. Et comble de l’horreur, le serveur qui s’est occupé d’elles toute la soirée est retrouvé assassiné. Du fait de son métier de journaliste d’investigation, Camille est sollicitée par la famille de la victime et elle se lance dans une enquête périlleuse pour démasquer l’assassin. Mais entre son ex surprotecteur et sa mère adepte du chantage, elle risque d'en voir de toutes les couleurs. »
Vous avez déjà publié plusieurs romans chez divers éditeurs ?
« Et oui, je produis, je produis, je ne peux plus m’arrêter, c’est presque compulsif (rire). Après On n’attire pas les hirondelles avec du vinaigre, un cosy mystery paru en février 2019 (dans lequel on découvre Camille, l’héroïne de Cadavre et talons aiguilles pour sa première enquête), j’ai ensuite publié Vacances mortelles au paradis chez City éditions en septembre 2019 (qui vient d’être réédité en version poche). Là encore, il s’agit d’un cosy mystery qui transporte le lecteur aux Maldives en compagnie d’Alice, sa famille et ses amis. Mon calendrier éditorial a ensuite été perturbé par la crise sanitaire et il a fallu attendre septembre 2020 pour mes sorties suivantes. On reste dans le cosy mystery avec Fête de famille fatale, la deuxième enquête de Camille, parue chez City éditions. Puis on change de genre avec Enquête de bonheur, mon premier roman feel-good, publié aux éditions de l’Opportun (Nisha). Enfin, plus récemment, Je déteste mon boss (passionnément), une comédie romantique sur le thème de la reconstruction et des nouveaux départs, est sortie en version numérique chez Harper Collins dans leur collection &H.
Et je ne résiste pas à l’envie de vous parler de mon prochain roman, prévu pour septembre 2021, chez City éditions, intitulé Retraite, médocs et rock & roll (le titre peut être amené à changer d’ici la parution) dans lequel vous découvrirez cinq septuagénaires un peu loufoques qui se retrouvent confrontés à une grande question : peut-on changer de vie à 75 ans ? Fous rires et émotions garantis ! »
Parlez-nous de votre genre de prédilection ?
« Si vous avez bien suivi tout ce que je viens de vous raconter, vous savez déjà répondre à cette question ! Mais pour les retardataires, je vais développer un peu. Je me suis essayée à trois genres littéraires : le cosy mystery, les romans feel-good, les comédies romantiques. Si je devais choisir entre les trois, ce serait le feel-good. D’abord parce que j’en lis moi-même beaucoup. En second lieu parce qu’en termes d’écriture, c’est le genre qui m’apporte le plus de satisfaction et de plaisir. J’aime la diversité des personnages que je peux y créer, que ce soit en termes d’âge, de sexe, de métier, de caractère… (ce qui, on ne va pas se mentir, est moins le cas dans une comédie romantique). Néanmoins, je ne prévois pas d’arrêter les cosy mysteries car le personnage de Camille plait beaucoup aux lecteurs. Je souhaite donc poursuivre l’écriture de ses aventures, afin d’en faire une série, un peu comme celle des Agatha Raisin (à laquelle les lecteurs comparent d’ailleurs souvent le personnage de Camille). »
Arrivez-vous à vitre de l'écriture ?
« Si vous saviez le nombre de fois où l’on m’a posé cette question ! Dans l’imaginaire collectif, dès lors que l’on est publié dans une maison d’édition et diffusé en librairie, on vend des millions de livres. J’aimerais vous dire que Guillaume Musso n’a qu’à bien se tenir et que je suis sur ses traces. Mais la réalité est plus compliquée. Pour l’instant, je suis loin de pouvoir vivre de l’écriture, même si cela reste mon souhait. J’ai un métier à temps plein qui me plait, donc pas d’urgence à tout abandonner ! En attendant de pouvoir un jour, je l’espère, me consacrer totalement à l’écriture, je « convertis » les gains que me procurent mes ventes de livres en jours de congés supplémentaires. Ces jours de congés me permettent ainsi de bénéficier de plus de temps pour avancer sur mes manuscrits. Et donc de publier plus de romans. Et ainsi de faire plus de ventes ! Un cercle vertueux qui débouchera peut-être un jour sur une démission. Que celui qui n’a jamais rêvé de pénétrer dans le bureau de son patron, déguisé en canard jaune, en criant « au revoir président » me jette la première pierre (si vous n’avez jamais vu cette publicité de la Française des jeux, vous pensez sans doute que je suis folle. Je vous rassure, il n’en est rien). »
Quels sont vos rituels d'écriture ?
« J’essaye d’écrire tous les jours, afin de ne pas perdre l’inspiration et d’avancer régulièrement dans mon histoire. Comme mon métier est tout de même très prenant, j’ai pris l’habitude d’écrire pendant mes pauses déjeuner. J’ai dit adieu à la cantine. À la place, je mange en vitesse une salade ou un sandwich à mon poste de travail, ce qui me permet de disposer d’un temps raisonnable pour écrire. Seul bémol, au départ mes collègues (qui n’étaient pas au courant de mon activité d’auteur) m’ont prise pour une sauvage. Mais maintenant, ils savent que je leur fais faux bond pour la bonne cause et sont compréhensifs ! Bien sûr j’écris également le week-end et pendant les vacances. Le seul moment où je ne parviens pas à écrire, c’est le soir. Après une journée de boulot, je n’ai plus le courage de me replonger dans mes manuscrits. En revanche, une fois dans mon lit, mon cerveau tourne à plein régime et j’invente mille et une aventures à mes personnages. J’imagine même parfois les dialogues dans ma tête. Le plus dur est de s’en souvenir au réveil ! »
Quels seraient les meilleurs conseils à donner à un(e) auteur(e) débutant(e) ?
« D’écrire un petit peu tous les jours, ou en tout cas le plus souvent possible. La régularité est très importante pour garder une cohérence dans le récit. Si vous écrivez une page tous les mois, vous risquez assez rapidement de ne plus vous souvenir où vous en êtes. Il faut aussi savoir se laisser porter par son inspiration. Le temps des corrections viendra plus tard. La première étape, c’est d’abord votre histoire ! Ne vous focalisez pas sur la forme, consacrez-vous au fond. Tant pis si la première mouture comporte des tonnes de répétitions et des fautes d’orthographe. Une fois votre point final posé, commence la longue période des relectures. Déjà pour vous assurer que votre histoire tient la route, pour l’apprécier en tant que lecteur. Puis pour traquer toutes les maladresses de style, les répétitions, les fautes d’orthographe. Ensuite, faites relire votre texte à quelqu’un de confiance, qui saura vous faire part du positif mais aussi du négatif. Rien de pire qu’un bêta-lecteur qui vous assurera que votre texte mérite le Goncourt alors qu’il l’a trouvé indigeste et bancal !
Pour se familiariser avec les techniques de rédaction, les styles, la narration, et les modalités de mise en page, il existe des cours d’écriture, soit sur internet (parfois donné par des auteurs connus), soit en physique. C’est un vrai plus pour présenter un manuscrit parfait aux éditeurs. »
Qu'attendez vous du prochain éditeur qui vous publiera ?
« Plein de choses ! La relation entre un éditeur et un auteur est tellement importante… En premier lieu, bien sûr, je souhaite qu’il aime mon texte et croit en son potentiel. J’attends aussi d’un éditeur qu’il soit bien diffusé en librairies et qu’il puisse ainsi permettre à mon roman de rencontrer ses lecteurs. Mais je désire aussi que la communication entre nous soit fluide, qu’on forme une équipe, que ce soit au niveau du travail éditorial, des corrections, du titre, de la couverture… Une collaboration harmonieuse entre l’auteur et l’éditeur me semble essentielle pour parvenir à la meilleure version possible du roman. Et une fois le roman finalisé et imprimé, une bonne promotion auprès de la presse et sur les réseaux sociaux est un plus non négligeable.
Alors, cher futur éditeur, si vous vous reconnaissez dans cette description, nous sommes faits pour nous entendre ! »