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Portraits

Interview - Pierre Ménard

Par 

Valentin Vauchelles

Le 

May 09, 2021

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Pierre Ménard est l’auteur du Grand Roman de l’écriture, publié aux éditions Novice. Ce guide à l’usage des auteurs rassemble les conseils de romanciers classiques et contemporains, d’éditeurs et de critiques littéraire.

De l’inspiration à la publication en passant par la rédaction, les relectures et l’envoi du manuscrit, vous y croiserez Balzac, Hugo, Flaubert, les terribles frères Goncourt, Marguerite Yourcenar et Marguerite Duras mais aussi François Bégaudeau, Marie Darrieussecq, David Foenkinos, Maylis de Kerangal, Lola Lafon, Hervé Le Corre, Nicolas Mathieu, Amélie Nothomb, Camille Pascal, Tatiana de Rosnay et bien d’autres.

Comment est né ce projet de guide à l'usage des auteurs ?

« Le projet est né du cerveau de Timothé Guillotin, qui, à 24 ans, a lancé sa maison d’édition, Novice. J’ai beaucoup hésité avant d’accepter : les manuels d’écriture se comptent déjà par dizaines et je n’avais aucune légitimité particulière pour donner des conseils d’écriture. Le projet piquait cependant ma curiosité. En travaillant sur les frères Goncourt, qui racontaient tout de leurs méthodes de travail ainsi que de celles de leurs amis (Flaubert, Zola…), je me rendais compte à quel point l’idée du génie écrivant sous la dictée d’une muse, volontiers véhiculée par les écrivains, était éloignée de la réalité. J’ai donc saisi l’idée comme une occasion de découvrir les secrets de la création littéraire des auteurs classiques mais aussi des contemporains, que j’ai interrogés à ce sujet (Camille Pascal, Tatiana de Rosnay, Nicolas Matthieu, Lola Lafon…). »

Quels types de conseils les auteurs trouveront-ils dans le grand roman de l'écriture ?

« Tout ce qu’il faut pour obtenir le prix Goncourt du premier coup. Plus sérieusement, le livre se propose comme une promenade littéraire en compagnie de romanciers, d’essayistes, de pamphlétaires et se destine à tous les curieux de littérature et non aux seuls romanciers. S’il n’existe pas de recette miracle pour produire un chef-d'œuvre, certains tours permettent d’améliorer nettement ses écrits. Ce sont ceux-ci que j’ai tenté de partager grâce à mes recherches et aux entretiens. On peut écrire une excellente page, un beau chapitre sous le coup d’une inspiration subite. Rarement un bon livre. Il faut pour cela du travail, de l’abnégation et un peu de méthode. »

Quelle anecdote t'a le plus frappé à la fréquentation de tous ces auteurs classiques et contemporains ?

« J’ai été frappé par Balzac, au sens propre : un de ses livres m’est tombé dessus alors que je rangeais ma bibliothèque. Je dirais sinon que le trait le plus marquant concerne l’étrangeté de l’acte même d’écrire, qui provoque le plus grand bonheur à ses adeptes, en même temps qu’une immense souffrance. A quelques exemples près, tous soulignent à quel point l’acte est difficile, bien plus difficile qu’on ne l’imagine. « J'éprouve maintenant comme si j’avais des lames de canif sous les ongles, et j’ai envie de grincer des dents. Est-ce bête ! Voilà donc où mène ce doux passe-temps de la littérature, cette crème fouettée. » mugissait par exemple Flaubert. »

Comment analyses-tu la récente décision des éditions Gallimard de demander aux auteurs de suspendre l'envoi de leurs manuscrits ?

« La situation est, me semble-t-il, inédite mais guère surprenante. Chacun le sait, en France tout le monde écrit et plus personne ne lit. « Toutes les femmes écrivent, on ne trouve même plus de femme de ménage » râlait notamment Paul Léautaud. On peut se réjouir de la passion pour l’écriture qui reste moins chère qu’une psychanalyse et provoque sans doute moins de dégâts. Mais l’écrivain amateur doit garder en tête qu’il est extrêmement difficile de se faire publier. Il ne faut donc pas crier au complot contre les petits, les gros ou les femmes si l’on est rejeté. Les éditeurs sont des êtres humains, avec leurs goûts, leurs défauts… et la nécessité de faire survivre la maison qui les emploie. Elles ne peuvent, ni même ne doivent tout publier. La plupart conservent quelques places par an pour les nouveaux auteurs. Pas plus. Et cela face à des millions (oui des millions) de manuscrits dormant dans les placards. Il peut en revanche être judicieux de bien cibler ses envois, de faire relire son manuscrit pour être certain que l’on n’envoie pas un jeu à demi achevé, d’écouter les conseils de libraires, d’auteurs et de professionnels. Surtout, les auteurs doivent garder espoir. Un, deux, trois refus ne signifient pas que l’on sera rejeté toute sa vie. Beaucoup d’écrivains, même les plus grands, s’y sont heurtés. Sachez aussi rester lucides sur votre travail. Il arrive que l’on ait écrit un pur navet. Il faut savoir raturer, déchirer, jeter, effacer, voire abandonner et commencer un nouveau projet. Les premiers livres sont rarement des chefs d'œuvres. La maturité vient à force d’efforts. Enfin, gardons en tête que l’on peut être très heureux sans publier. Ce n’est pas une obligation. Rien n’interdit de partager son livre autour de soi, sans obliger ses amis à l’acheter. »

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