Il était une fois… une maison d’édition jeunesse !
Lorène Lebrun est la conseillère éditoriale d'Édith & Nous, en charge de la littérature jeunesse et des littératures de l'imaginaire. Elle est éditrice et a notamment travaillé pour les éditions Cambourakis, Mnémos, Gautier-Languereau et Dupuis.
La littérature jeunesse est l’un des segments éditoriaux les plus dynamiques depuis plusieurs années, selon le SNE, et ces livres destinés à une tranche d’âge bien spécifique sont particulièrement plébiscités en librairie, notamment à la suite des différents confinements où les moments de partage en famille se sont accrus. Si un livre vendu sur quatre était un ouvrage jeunesse en 2019, cette production n’en reste pas moins confuse pour beaucoup, c’est pourquoi Édith & Nous propose de vous apporter quelques réponses… Qu’est-ce qui peut bien se cacher derrière le voile mystérieux qui entoure une maison d’édition jeunesse ?
L’édition jeunesse en France
Sans dresser une liste des maisons d’édition, il existe en France de nombreux éditeurs qui publient de la littérature jeunesse : qu’elles soient de grosses maisons, appartenant à un groupe ou non, ou qu’elles soient de petites maisons d’édition indépendantes, se situant à Paris ou en région : c’est toute cette diversité éditoriale qui crée des livres pour les enfants et les adolescents plus enthousiasmants les uns que les autres. Cette production éditoriale a beaucoup évolué avec les années, mais aussi, et surtout, en lien avec la représentation de l’enfant.
Plusieurs éditeurs publient aujourd’hui des livres d’éveil, pour la petite enfance, et certains d’entre eux sont réputés pour leurs tout-carton, comme Marcel et Joachim, Amaterra et Minedition, ou encore leurs livres tissus (éditions Tourbillon). Les livres-CD sont régulièrement publiés pour la période de Noël, comme ceux des éditions Didier Jeunesse et Gautier-Languereau appartenant à Hachette, ou encore Actes Sud Junior, Gallimard jeunesse et les éditions des Braques.
En ce qui concerne les histoires plus longues et illustrées à travers des albums jeunesse, de nombreux éditeurs sont réputés pour ces livres de 3 à 7 ans comme Kaléidoscope, L’Étagère du bas, L’Atelier du poisson soluble, L’école des loisirs, les Éditions des Éléphants, les Fourmis Rouges, Little Urban, NordSud, Père Castor, Circonflexe et bien d’autres…
On entre ensuite dans les premières lectures et courts romans, parfois associés à quelques illustrations, dont les éditions Milan, Nathan et les collections des bibliothèques Rose et Verte d’Hachette font office de grands représentants avec les mini Syros, les Folio Cadet, les romans de L’école des loisirs ou encore Poulpe fictions.
Les romans jeunesse font eux aussi partie de cette littérature : cette fois-ci avec le pan de l’adolescence. On y retrouve des histoires réalistes, historiques ou très ancrées dans l’imaginaire (SF, fantasy, fantastique), avec des séries en plusieurs tomes ou encore des one shot (un seul tome) comme chez les éditions PKJ (Pocket Jeunesse), Gallimard, Castelmore, Slalom, Le Livre de poche jeunesse, Hachette romans, Rageot, Gulf Stream, Scrinéo… Si la littérature adolescente vous intéresse, vous pouvez vous tourner vers le guide En quête d’un grand peut-être écrit par Nathan et Tom Lévêque.
Les activités, jeux et documentaires sont également présents dans la production éditoriale jeunesse avec de nombreux éditeurs comme Fleurus, Nathan, Lito, Mango, Deux coqs d’or, Milan, Actes Sud junior et Auzou qui en proposent parmi d’autres ouvrages comme les albums et les romans.
Plutôt que de se spécialiser sur un certain type de livres jeunesse, la plupart des éditeurs et leur maison choisissent d’en publier plusieurs comme Talents Hauts, Hélium, Les Grandes Personnes, Didier Jeunesse, Mijade, Milan, Le Rouergue, Thierry Magnier, les éditions courtes et longues, Saltimbanque, Memo, La Joie de lire, Bayard jeunesse, Hachette jeunesse ou encore Sarbacane qui propose également une belle collection BD pour les enfants et les plus grands…
Des éditeurs qui ne publiaient pas de jeunesse se sont aussi tournés vers ce versant de la production en créant une collection dédiée comme Casterman jeunesse, Grasset jeunesse, Flammarion jeunesse, Seuil jeunesse, Glénat jeunesse, Albin Michel jeunesse, La Martinière jeunesse ou encore Philippe Picquier jeunesse, qui souhaite transmettre la richesse et la diversité des cultures orientales dans ses livres pour enfant.
Comment ça marche, une maison d'édition jeunesse ?
C’est dans le service éditorial qu’une maison d’édition jeunesse va réfléchir avec les auteurs et illustrateurs aux projets de livre à destination des enfants et des adolescents, à ce qu’ils pourraient devenir et comment y arriver. Pour cela, le métier d’éditeur est un pivot qui se tournera vers les bons intervenants afin de concrétiser cet album ou ce roman.
Pour créer un livre jeunesse : soit l’éditeur a un besoin et dans ce cas il passera une commande auprès d’auteurs ou d’illustrateurs, soit c’est un achat de droits d’un livre publié dans un autre pays que la France et il faudra alors faire appel à un traducteur, soit encore le livre de création viendra d’une idée du ou des auteurs.
Pour ces livres de création, le projet est imaginé par un auteur seul ou en lien avec un illustrateur. Dans le cadre des albums jeunesse, la relation texte/image est particulièrement intéressante et l’éditeur y est attentif. Puisque l’album sera généralement lu à l’enfant : la musicalité, le choix des mots, les sonorités et la qualité orale du texte ont toute leur importance. Pour trouver ces projets, l’éditeur peut se tourner vers des auteurs et illustrateurs qu’il apprécie, mais il peut également trouver un manuscrit envoûtant d’un nouvel auteur dans un mail ou, aujourd’hui, sur Édith & Nous. Nos équipes proposent aux éditeurs une nouvelle façon de dénicher des pépites littéraires efficacement, intuitivement, tout en étant en phase avec notre temps. Attention, certaines maisons d’édition, outre les mails, privilégient encore les manuscrits imprimés par envois postaux. Quelques maisons intègrent en leur sein un comité de lecture pour proposer des textes, s’arrêter sur les romans ou albums en devenir et sur les manuscrits à refuser. Ces nombreuses étapes permettent de mieux comprendre les raisons de la temporalité longue entre l’envoi d’un manuscrit et la réponse d’une maison d’édition.
L’éditeur sera présent pour aiguiller les auteurs, proposer des pistes de réflexion, afin que le livre soit le meilleur possible. Un chemin de fer – qui est un schéma représentant chaque double page du livre à venir en miniature – est réfléchi pour permettre de découper le texte, de choisir le placement des illustrations et ainsi d’y voir plus clair dans la structure de l’album ou du roman, mais aussi dans la fabrication qui sera choisie et notamment la pagination.
Lorsque le projet est suffisamment clair et abouti pour pouvoir le valider, l’éditeur propose un contrat à l’auteur et à l’illustrateur, qui définira, entre autres, les droits proportionnels (le taux de droits d’auteur) et pourra préciser un à-valoir. Ce dernier est une somme versée à l’auteur en avance sur ses droits d’auteur, qu’il commencera à recevoir lorsque le montant de l’à-valoir sera atteint, grâce aux ventes du livre. Ce contrat peut être négocié entre les différentes parties jusqu’à la signature. L’éditeur détermine ces montants en s’appuyant sur un compte d’exploitation prévisionnel qui prévoit toutes les dépenses du livre et les recettes envisagées.
Lorsque le texte est fin prêt, que l’éditeur comme les auteurs en sont satisfaits, la maison d’édition fait appel à un correcteur de métier pour relire le texte et notifier chaque faute ortho-typographique, de syntaxe ou encore les soucis de cohérence. Cette étape est parfois sous-estimée mais ne nous y trompons pas : elle est essentielle pour proposer in fine un livre abouti. Bien sûr, l’éditeur et les éventuels assistants éditoriaux relisent par la suite le texte pour y déceler les dernières fautes de langue mais aussi de mise en page. Chez Édith & Nous, nous vous proposons d’ailleurs de libérer votre texte des erreurs et des incohérences bien en amont pour optimiser vos chances d’être repéré par un éditeur, grâce à nos ateliers Relecture et Correction.
La maison d’édition peut ensuite faire appel à un graphiste afin de mettre en page l’ensemble du livre jeunesse : le positionnement du texte et des illustrations, le choix des typographies, la réalisation des couvertures et pages de garde... Ce travail peut se faire dans certaines maisons d’édition avec l’appui d’un directeur artistique qui supervisera l’ensemble des choix graphiques et qui gérera les échanges avec les photograveurs dans le cas des illustrations traditionnelles.
Reste encore à déterminer la fabrication de ce livre jeunesse. Si le cas d’un roman n’implique pas de grandes difficultés, certains albums jeunesse peuvent nécessiter de nombreuses discussions avec l’imprimeur selon les spécificités techniques, les contraintes du projet… Dans certaines maisons d’édition, le directeur artistique ou le service de fabrication, s’il y en a un, permet de faciliter ces échanges, tout en réfléchissant à la meilleure fabrication possible avec l’éditeur. Les coûts de fabrication d’un album jeunesse peuvent être très élevés selon les choix techniques : le format, le papier, les découpes, le fait d’imprimer avec plusieurs couleurs voire des encres particulières comme le fluo, l’ajout d’un vernis ou d’une dorure, et bien d’autres choses… L’impression d’un album jeunesse peut donc revenir très cher à la maison d’édition. Après avoir demandé des devis à l’imprimeur selon le tirage envisagé et selon les spécificités techniques souhaitées pour le livre, l’éditeur se tournera donc vers l’un ou l’autre, et lui transmettra les fichiers définitifs pour impression. Il est d’ailleurs à noter que la jeunesse est la catégorie éditoriale qui propose le plus de coéditions, notamment européennes, afin de réduire ces coûts de production : 84 % des coéditions portent sur des livres jeunesse, selon le SNE.
L’éditeur doit donc choisir son prix de vente avec attention, afin de prendre en compte ces coûts, tout en ayant à l’esprit le montant que pourront débourser les familles dans les points de vente. Pour rappel, en France, ce prix unique veut dire que n’importe quel détaillant est contraint de proposer le livre au prix de vente choisi par l’éditeur, qu‘il s’agisse d’une petite maison de la presse, une grosse librairie, une surface spécialisée dans les biens culturels, ou encore une plateforme de vente en ligne comme Amazon.
Lors de chacune de ces étapes de production, l’éditeur vérifie chaque temps de réalisation pour n’avoir aucun retard quant à la date d’envoi à l’imprimeur et donc par la même, la date de mise en vente.
Et après ?
Mais lorsque le livre est terminé, qu’il est imprimé et bien arrivé dans les points de vente, eh bien… ce n’est pas tout à fait fini. Commence alors la folle aventure de la vie de l’ouvrage. Que ce soit l’éditeur lui-même dans le cadre d’une petite maison d’édition ou un service de communication : une personne réfléchira à la meilleure manière de mettre en avant le livre, de faire sa promotion. Pour cela, les réseaux sociaux sont aujourd’hui des outils très utiles, tout comme les envois de newsletter par mail ou encore les animations et les dédicaces qui permettent de faire vivre le livre, notamment dans l’édition jeunesse. Les festivals sont aussi une manière de rendre le livre et les auteurs visibles, comme le salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, qui se tient près de Paris, et qui décerne des prix pour les romans, les albums, les documentaires et les BD selon les âges des enfants. Les prix jeunesse du réseau des librairies Sorcières sont aussi à suivre, tout comme les sélections et prix de la foire de Bologne. En été, l’événement Partir en livre met aussi à l’honneur la littérature jeunesse dans toute la France avec bon nombre d’animations. En complément, le service presse prévoit des envois à des prescripteurs (les journalistes et les nouveaux métiers de blogueurs, instagrameurs…) et le service marketing peut mettre en place des PLV, des encarts publicitaires ou des partenariats afin de toucher de futurs lecteurs : que ce soient les adultes, acheteurs, ou les enfants et adolescents qui liront l’ouvrage.
Le service commercial, s’il y en a un dans la maison d’édition, réfléchira à des opérations afin de donner de la visibilité au livre. Mais pour que les ouvrages soient bien vendus et conseillés, il est nécessaire de transmettre aux libraires les informations essentielles sur le livre : pour cela, les représentants (faisant partie d’une structure de diffusion) vont présenter l’album ou le roman jeunesse aux points de vente, puis faire remonter à la maison d’édition les chiffres de commande, ce qui permettra de mieux définir le tirage du livre. C’est la structure de distribution qui se chargera des facturations, du stockage et de la logistique permettant les allers et retours des livres auprès des détaillants.
Édith & Nous : la mise en avant de vos manuscrits jeunsse auprès des éditeurs
Grâce au talent de chaque auteur, notre force est de pouvoir tout aussi bien répondre aux demandes d’une maison d’édition spécialisée ou proposant un catalogue généraliste, par le biais de nos envois de recommandation de lecture par mail. Si vous souhaitez participer à l’aventure de l’édition jeunesse, nous sommes là pour présenter vos pépites aux éditeurs, ceci tout en protégeant vos manuscrits sur Édith & Nous.