Faut-il un agent littéraire pour publier un livre ?
Tout comme un chanteur ou un acteur, l’auteur fait partie des métiers artistiques qui peuvent avoir recours à un agent littéraire. Devenir auteur implique de chercher des maisons d’édition qui pourraient publier son manuscrit, présenter ce dernier aux éditeurs avec les documents appropriés (biographie, synopsis, ouvrage, résumé), lire les contrats, les comprendre et les comparer dans le cas où il y aurait plusieurs propositions, et enfin, gérer la relation avec son éditeur. L’agent littéraire est un maillon de la chaîne du livre qui répond à ce besoin en épaulant l’écrivain. Ce métier très peu visible en France, car il en existe très peu, est nécessaire, voire obligatoire, dans certains pays. Si vous souhaitez que votre ouvrage soit traduit et vendu aux États-Unis, par exemple, vous n’aurez d’autre choix que d’être représenté par un agent littéraire.
La rencontre auteur-éditeur : quelques chiffres
On estime à 11 millions le nombre de français qui auraient écrit un manuscrit. En parallèle, on compte 4 500 maisons d’édition publiant au moins 1 titre par an. Mais au-delà de 10 titres, on arrive très vite à seulement 1 000 maisons d’édition. Imaginons alors si tous ces auteurs, ou ne serait-ce qu’un quart, envoyaient leur manuscrit à plusieurs de ces structures éditoriales…
Ce problème d’échelle se ressent directement chez les éditeurs qui sont submergés par les nombreux textes. Gallimard reçoit un peu plus de 50 manuscrits par jour. Plusieurs sont contraints de fermer leur service de soumission de manuscrits afin de pouvoir prendre le temps de les lire et d’apporter une réponse aux auteurs. Par ailleurs, depuis 2020, les éditions Novice ont créé le Prix du roman non publié, destiné à tous les écrivains en quête d’une structure pour éditer un premier roman.
Pour venir en aide aux éditeurs et simplifier la présentation d’un ouvrage d’un auteur, Édith & Nous a créé le service des manuscrits digitalisé. Certains éditeurs, comme Stock ou encore Rageot, l’utilisent désormais comme outil principal pour recevoir, lire et échanger avec les auteurs de demain.
Aujourd’hui, devenir auteur en France peut vite décourager. Est-il donc intéressant de se tourner vers un agent littéraire pour réussir à être publié ?
Le rôle et les missions de l’agent littéraire
Tout d’abord, tout comme l’éditeur, il examine et lit votre ouvrage. L’objectif de cette première lecture est de savoir si votre texte a du potentiel pour qu’une maison d’édition souhaite le publier.
Si l’agent littéraire accepte votre ouvrage, il passe à une seconde lecture. Pour présenter votre texte aux éditeurs, il doit le connaître pour défendre les enjeux et les thématiques qu’il aborde, mais aussi votre style, votre écriture, ses points forts, etc. Son travail consiste à pitcher votre histoire auprès de maisons d’édition dont les lignes éditoriales sont en phase avec votre proposition, tout en faisant valoir les avantages à vous éditer. Un écrivain n’est pas toujours un commercial ou un démarcheur dans l’âme, d’autant plus qu’il est parfois difficile de prendre du recul sur ce qu’on a créé pour savoir se mettre en avant.
Attention, bien souvent, il ne choisit de transmettre votre ouvrage qu’à une sélection réduite d’éditeurs. C’est un élément qu’il est important de discuter avec lui ou elle.
L’agent est parvenu à ses fins lorsqu’il vous fait parvenir les propositions de contrats qu’il a reçus. À partir de ce moment-là, il s’occupe de négocier vos droits d’auteurs pour qu’ils vous soient les plus avantageux possibles. Il vous aide alors à comprendre le contrat et vous explique ses clauses. Il fait en sorte que vos intérêts soient défendus et respectés, aussi bien juridiquement que financièrement.
Une fois votre contrat d’édition signé, l’agent littéraire vous représente auprès de la structure. Commence alors le retravail éditorial. C’est lui qui fait l’intermédiaire des échanges entre l’auteur et l’éditeur. Si l’écrivain est d’accord avec certaines propositions de modification du texte, mais plus réticent pour d’autres, le travail de l’agent est de le faire savoir à l’éditeur.
Dans le cas où la maison d’édition souhaite que votre livre soit traduit et publié à l’international (droits étrangers) ou bien adapté en format poche, au cinéma, en livre audio (droits dérivés), votre agent s’occupe de négocier de nouveau vos intérêts et veille à leur bonne application par rapport au contrat établi.
Quel agent littéraire pour mon premier roman ?
Bien qu’ils soient peu nombreux en France (43 agents regroupés dans 33 agences), il existe plusieurs types d’agents littéraires. Il est nécessaire de choisir celui qui défendra le mieux vos intérêts par rapport à vos besoins et votre situation.
L’agent littéraire spécialisé
Il se concentre sur un genre littéraire qu’il apprécie et qu’il est capable de présenter, ou bien sur un type de droit. Par exemple, certains ne vont s’occuper de défendre que les droits de traduction. En 2022, ce sont 14 342 titres qui ont été traduits sur les 38 733 livres publiés, selon le rapport du SNE.
Bien souvent, la maison d’édition possède un service de cession de droits se chargeant spécialement de ces procédures. Lorsque ce n’est pas le cas, les éditeurs font eux-mêmes appels à des agences pour les soutenir, et faire les intermédiaires d’un pays à l’autre ou d’une maison d’édition à l’autre.
L’agent d’auteurs reconnus
En revanche, pour un premier roman, l’agent d’auteurs reconnus est rarement à même de soutenir votre projet. En effet, ceux-ci choisissent de travailler avec des écrivains publiant de nombreux livres par an, et parfois, chez différents éditeurs. Pour que l’agent d’auteurs reconnus accepte de prendre en charge votre manuscrit, il faut que vous ayez déjà été publié et que vos ventes d’exemplaires dépassent un certain palier qu’il a fixé.
L’agence littéraire Linwood Messina représente l’auteur français Mo Malø dont les polars sont publiés chez La Martinière, et la série de livres La Breizh Brigade, elle, éditée aux éditions Les Escales.
L’agent littéraire de coaching
Ces agents littéraires ne permettent pas forcément de se faire publier, mais plutôt d’améliorer votre manuscrit. Il fournit à l’auteur des pistes de retravail sur son écriture, lui propose des conseils personnalisés pour son projet, pour cibler à qui envoyer son ouvrage et pour en apprendre davantage sur le monde éditorial.
La rémunération de l’agent littéraire
En France, c’est vous, auteur, qui devez rémunérer votre agent littéraire. Ce dernier demande une commission de 10 à 15 % sur vos ventes une fois votre livre publié en France, et une commission de 20 % si votre ouvrage est publié à l’étranger. Attention, il peut aussi requérir un à-valoir.
Il travaille en freelance ou dans une agence littéraire, bien souvent situé à Paris afin d’être au plus près des maisons d’édition. Sa rémunération varie selon sa situation et le taux qu’il souhaite demander à l’auteur.
Comment trouver un agent littéraire pour mon premier roman ?
En France, seulement 2 % des auteurs ont recours à un agent. Derrière ce chiffre, la plupart de ces auteurs sont des écrivains de best-seller ayant recours aux agents d’auteurs reconnus. Cela s’explique tout d’abord par le fait qu’il en existe très peu en France, mais également que ces derniers peuvent être très sélectifs quant aux auteurs et aux romans qu’ils choisissent de représenter. En effet, pour qu’il puisse être rémunéré, il faut que votre ouvrage lui garantisse qu’il trouvera une maison d’édition et qu’il se vendra à un très grand nombre d’exemplaires ! L’agent ne va donc soutenir que des manuscrits « vendeurs ». Il existe un réel problème d’échelle et un enjeu commercial trop important, qui rendent difficile le fait de recourir à cet intermédiaire.
En France, la place de l’agent littéraire n’est pas aussi évidente que dans les pays anglo-saxons en raison des rapports auteur-éditeur qui sont très importants dans notre système éditorial. Décider de placer un agent littéraire au centre de cette relation est risquée. Pour certains éditeurs, ravis de ces échanges qui sont le cœur de leur métier, cet intermédiaire crée de l’inconfort et une gêne.
Si toutefois vous pensez qu’un agent littéraire vous est nécessaire pour vous aider à comprendre ce monde et à représenter votre œuvre, alors vous pouvez vous renseigner auprès du syndicat SFAAL.
Le rôle d’Édith & Nous
Édith & Nous n’est pas une agence littéraire. Notre mission : créer les conditions d’une nouvelle rencontre entre auteurs et éditeurs. À la différence des agents littéraires :
- nous ne faisons pas signer aux auteurs de mandat de représentation. Les éditeurs échangent directement avec les auteurs sur la plateforme, et ces derniers sont libres de poursuivre leurs démarches en dehors d’Édith & Nous ;
- nous ne nous rémunérons pas sur les droits d’auteur après la signature d’un contrat d’édition.
Édith & Nous propose une plateforme sur laquelle les auteurs de tous les genres littéraires peuvent présenter leurs manuscrits directement à plus de 150 maisons d’édition. Notre équipe guide les écrivains lors de cette démarche et facilite leur mise en relation avec les éditeurs.
Depuis 2023, Édith & Nous est soutenue par le Centre National du Livre, qui reconnaît ainsi l’importance de sa mission dans l’interprofession. En France, le Centre National du Livre assiste notamment la filière du livre afin de développer des projets de services numériques structurants et interprofessionnels.
Nous proposons plusieurs services (Relecture, Correction), ateliers (Synopsis, Incipit) et master class (La fabrique des personnages, Libérez votre écriture) pour vous aider à retravailler votre texte, et ainsi, faire ressortir tout son potentiel.
Pour en apprendre davantage sur ce métier, n’hésitez pas à consulter notre article « Agent littéraire, un rôle professionnalisant » !