Écrire un premier roman – les erreurs à éviter
« Il existe trois règles pour écrire un roman, malheureusement personne ne les connaît. » écrivait avec justesse le romancier britannique William Somerset Maugham.
Pas d’inquiétude donc, si face à une page blanche ou à votre écran d’ordinateur, vous peinez à faire naître les idées de romans qui peuplent votre imagination. Le processus d’écriture est loin d’être facile et le chemin qui mène à un roman abouti est semé d’embuches. Les plus grands écrivains sont passés par là et non sans difficulté : le premier manuscrit de Stephen King est inachevé et n’a jamais été publié, tandis que son premier roman publié, Carrie, a d’abord été refusé par une trentaine d’éditeurs avant de devenir un immense succès.
Dans cet article vous trouverez quelques conseils qui, nous l’espérons, vous donneront des pistes de réflexion pour l’écriture ou le retravail de votre premier roman. Ils sont inspirés de la lecture de très nombreux manuscrits dans lesquels nous repérons souvent les mêmes erreurs, les mêmes axes d’amélioration. Nous non plus nous ne connaissons pas les trois règles pour écrire un roman, mais après avoir lu des centaines de romans nous avons une petite idée des pièges à éviter.
1. Bien connaître le genre littéraire de son roman
Avant de commencer à écrire, il est important d’avoir beaucoup lu, de s’être nourri des livres d’autres auteurs. Des lectures variées peuvent être un réel enrichissement, mais il faut avant tout bien connaître le genre dans lequel s’inscrit votre livre.
Connaître à la fois les classiques du genre et les parutions contemporaines vous permettra de maîtriser les codes du genre, ce qui est très important. Le but n’est pas de les reproduire à l’identique, mais de jouer avec eux, voire de les contourner. Par exemple, si vous écrivez dans la fantasy, vous vous inscrivez nécessairement dans le sillon de Tolkien ou plus récemment de Robin Hobb. À vous de décider quelles seront les particularités de votre roman au sein de la littérature de l’imaginaire.
En maîtrisant les différents genres littéraires, vous serez plus à même de savoir à quels concours d'écriture vous pouvez ou non participer. En effet, pour participer à un appel à manuscrits, encore faut-il savoir si votre texte répond aux conditions de participation !
2. Soigner la structure du roman
Penser la structure du roman est particulièrement important pour que la lecture soit marquante. Une même histoire, racontée de différentes manières n’aura pas du tout le même effet. L’intensité narrative ne sera pas la même tout au long du roman, les rebondissements et/ou les moments de révélations ou d’émotions doivent être savamment introduits au cours de l’histoire, éventuellement en s’aidant d’un plan préétabli. Deux étapes cruciales sont à travailler en priorité :
L’incipit
L’incipit, c’est les premières pages de votre roman, celles qui accueillent le lecteur dans votre histoire. Si vous présentez votre livre à une maison d’édition, c’est aussi ces premières pages qui donneront, ou non, envie à l’éditeur de continuer sa lecture.
Ce début de roman a pour fonction de donner quelques informations clés sur les enjeux de l’intrigue, le personnage ou le cadre. Mais il s’agit rarement du bon moment pour un exposé détaillé de l’histoire des protagonistes ou de la description exhaustive du monde qui les entoure. Ces explications peuvent être importantes, mais l’auteur aura tout le temps d’y revenir dans les chapitres suivants et le lecteur aura beaucoup plus de plaisir à les découvrir progressivement.
Vous trouverez plus de détails sur les erreurs à éviter dans les premières pages de votre roman dans notre article Comment commencer un roman ?.
La fin
La fin du roman est un autre passage obligatoire à ne pas rater. Si elle peut jouer avec le lecteur en ne lui offrant pas exactement ce qu’il attendait, elle doit tout de même lui donner un sentiment d’achèvement, de clôture. Nous constatons régulièrement lors des ateliers Relecture des fins précipitées, qui annulent les enjeux romanesques qui ont pu naître au cours de l’histoire et laissent le lecteur frustré. Travailler la fin du roman, ce n’est pas seulement écrire un épilogue ou un dernier chapitre de conclusion, l’auteur doit savoir amener cette fin de manière à ce qu’elle soit naturelle et satisfaisante.
Raphaël Bischoff, spécialiste de la structure narrative et formateur d’éditeurs, vous offre dans son article Comment ne pas (trop) rater sa fin de roman ? de précieux conseils pour préparer au mieux le dénouement de votre roman.
3. Soigner les personnages
Les personnages sont souvent d’une importance capitale pour écrire un bon roman. Les construire en amont de la rédaction peut s’avérer très utile pour les rendre riches et complexes, comme nous vous l’expliquions dans Comment créer une fiche personnage pour un roman ?
Trouver un bon équilibre entre les personnages principaux et secondaires
Une attention toute particulière doit être apportée aux personnages principaux que le lecteur va généralement suivre pendant tout le roman. Cependant, les personnages secondaires ne sont pas non plus à négliger. Une erreur que l’on retrouve parfois dans les manuscrits de jeunes auteurs est de créer des personnages secondaires uniquement pour qu’ils soient utiles au héros ou à l’héroïne avant de disparaître. Ces individus font pourtant partie de l’histoire à part entière et peuvent, s’ils sont bien construits, éveiller des sentiments forts chez le lecteur.
Un exemple parlant d’un très beau travail sur l’écriture des personnages est la saga Harry Potter de J.K. Rowling. Les livres proposent une galerie de personnages hauts en couleur, attachants ou détestables, et ce sont eux, plus que le héros, qui donnent sa saveur à l’histoire.
Construire des personnages denses
Nous avons déjà commencé à l’évoquer : ce que le lecteur recherche, c’est des personnages multidimensionnels, qui ne se résument pas à une fonction et à deux traits de caractère. Créer des fiches personnages peut être un bon moyen de les développer au mieux. De nombreux écrivains comme Hervé Le Tellier ou Alain Damasio confient y avoir recours.
Un autre ingrédient (quasiment) magique pour écrire des héros intéressants est de leur imaginer une backstory. En leur offrant un passé, vous donnez un sens à leurs motivations et à leur personnalité, ce qui est capital pour que les lecteurs les comprennent et s’y attachent. Si le concept de backstory reste un peu vague pour vous, nous vous invitons vivement à consulter notre article à ce sujet dans lequel vous trouverez également des conseils d’écriture.
4. Soigner la narration
Choisir le type de narration avec soin
Avant de commencer à écrire votre premier roman, envisagez les différentes possibilités de narration qui s’offrent à vous pour raconter votre histoire. Le narrateur sera-t-il interne ou externe ? Unique ou multiple ? Omniscient ou limité aux connaissances d’un personnage ? Toutes les possibilités sont envisageables et chacune peut apporter quelque chose au roman. Il faudra simplement veiller à être harmonieux ; par exemple, si le narrateur n’est pas omniscient dans la première partie du roman, il ne peut pas, soudainement, savoir des choses que le ou les personnage(s) ignore(nt).
Utiliser différents outils narratifs
Tout au long de son livre, l’auteur va chercher à transmettre des informations aux lecteurs pour faire avancer l’intrigue, pour émouvoir ou encore pour étonner. Pour ne pas tomber dans la monotonie, il ne doit pas hésiter à varier les outils littéraires qui sont à sa disposition pour changer le rythme de la narration : dialogues, descriptions, flashbacks… Et même des scènes d’action : le « show don’t tell », ou « montrer plutôt que dire », dont nous vous avons déjà parlé quelques fois, est un excellent moyen de plonger le lecteur dans l’histoire.
5. Soigner la langue et le style
Ne pas en faire trop
Avoir un style propre et reconnaissable est précieux pour un écrivain. Cependant, il faut prendre garde à ne pas tomber dans l’excès. Des phrases simples et fluides sont toujours préférables à une rédaction alambiquée et maladroite. Voici quelques « tics » d’écriture que nous retrouvons parfois dans les manuscrits et qui gênent la lecture :
- L’emploi d’adjectifs épithètes antéposés (ex. : une verte prairie). Si ce procédé littéraire peut donner une dimension poétique lorsqu’il est utilisé ponctuellement, son usage répété donne au texte un côté très ampoulé et faussement littéraire.
- L’emploi de mots anciens ou rares. Si des mots appartenant à un registre soutenu ou vieillot apparaissent de manière répétée dans un texte, cela peut créer un manque de naturel et un décalage désagréable entre les niveaux de langue de la narration.
Faire la chasse aux clichés
Si la simplicité est à rechercher, la facilité est à fuir. L’un des meilleurs conseils que l’on peut vous donner pour améliorer votre style est de vous méfier des expressions toutes faites qui viennent trop facilement. Peut-être existe-t-il une manière plus originale et donc plus évocatrice de dire que ce fut « la goutte qui fit déborder le vase » ou qu’un personnage est « au bout du rouleau ». Pour reprendre Colette : « Il faut avec les mots de tout le monde écrire comme personne. »
6. Apprendre à écrire
C’est une idée que nous défendons régulièrement sur le blog d’Édith & Nous : l’écriture s’apprend, comme toute discipline artistique. Voici quelques conseils pour continuer à apprendre et à s’améliorer :
Les livres sur l'écriture
Beaucoup d’auteurs et de formateurs ont écrit des livres pour partager leurs conseils d’écriture et leur méthode avec de jeunes écrivains. Certains s’adressent tout particulièrement aux primo-auteurs comme Comment écrire un roman en 10 jours de David Meulemans (dont le titre est évidemment une provocation). Vous trouverez dans notre Top 10 des livres sur l’écriture de romans quelques ouvrages qui sont de vraies mines d’informations pour qui veut se lancer dans l’écriture.
Moins académiques, mais plus rapides à terminer, vous pourrez également trouver des sources d’inspiration et d’intéressants témoignages d’écrivains dans notre article sur les 10 podcasts à découvrir lorsqu’on se lance dans l’écriture.
Obtenir des retours professionnels sur votre texte
Si votre projet est de présenter votre livre à des maisons d’édition et peut-être de le publier, recevoir des avis de professionnels sur votre texte peut être très précieux pour se rapprocher de la publication. En effet, il est difficile de faire preuve de recul sur ce que l’on a écrit, tandis que des retours extérieurs et pertinents permettent de cibler les axes d’amélioration et de retravail du roman.
Nous avons créé l’atelier Relecture qui permet aux auteurs de progresser en faisant relire leur manuscrit par un éditeur ou une éditrice, de formation et de métier. Ce service inclut une annotation détaillée de votre manuscrit accompagnée d’un document de sept à huit pages qui constitue une analyse littéraire complète.
7. Ne pas avoir peur de la réécriture
Last but not least : la réécriture ! Être auteur et publier signifie en général aimer écrire, mais aussi réécrire. Ces heures de travail sont souvent le prix d’un premier roman qui attirera l’attention des maisons d’édition et qui plaira aux lecteurs. Rien de désespérant là-dedans : cela fait partie de la vie du livre qui grandit et change avec les versions et en fonction de votre inspiration.
Et maintenant… Au travail !