Comment commencer une histoire ?
Commencer une histoire, se plonger dans l’écriture d’un premier roman, créer de nouveaux personnages… en tant qu’auteur et autrice, tout cela peut être vertigineux !
Les premières lignes de votre roman sont votre toute première chance de captiver un·e éditeur·rice. Si vous ne parvenez pas à attirer son attention dès le début de votre histoire, il est très peu probable qu’il ou elle décide de poursuivre la lecture de votre livre : tout se joue dans cet incipit.
Bien sûr, nous n’allons pas vous présenter une quelconque recette magique censée vous ouvrir les portes de toutes les maisons d’édition. Le but est de vous donner des conseils pour vous accompagner dans l’écriture de votre incipit et ainsi vous permettre de commencer l’écriture de votre histoire plus efficacement !
L’accroche ou les premières lignes de l'histoire
Les premières lignes d’une histoire sont décisives. Elles sont l’entrée en matière de votre livre, votre intrigue. Elles vont immédiatement créer chez le lecteur ou la lectrice une première impression sur votre histoire. Il est donc très important que vous les travailliez, encore et encore, jusqu’à ce qu’elles atteignent leur forme la plus aboutie.
Comment réussir son accroche
Il n’y a pas qu’une manière de faire une bonne accroche, chaque auteur·rice peut trouver sa façon préférée de commencer à écrire son histoire. Il faut que le début de votre texte intrigue suffisamment les lecteur·rices pour leur donner envie d’en lire plus.
Commencer son histoire in medias res
En latin, in medias res signifie « au milieu des choses ». On dit alors d’une histoire qu’elle commence in medias res lorsqu’elle plonge les lecteur·rices dans l’action dès le début.
Sans donner réellement de contexte ni d’informations sur le personnage, l’auteur·rice nous propulse dans une histoire vivante, en plein cœur de l’intrigue. Le but est que le lecteur ou la lectrice soit directement happé·e par votre récit !
Dans Les victorieuses, Laetitia Colombani commence son récit par : « Tout s’est passé en un éclair. Solène sortait de la salle d’audience avec Arthur Saint-Clair. Elle s’apprêtait à lui dire qu’elle ne comprenait pas la décision du juge à son encontre, ni la sévérité dont il venait de témoigner. Elle n’en a pas eu le temps. Saint-Clair s’est élancé vers le garde-corps en verre et l’a enjambé. Il a sauté du sixième étage du palais. »
Ici, on ne sait pas qui est Saint-Clair ni ce qu’il a fait pour aller au tribunal, on ne connaît rien de Solène, pourtant, on a envie d’en savoir plus. On est directement dans l’action.
Commencer son histoire par une description
Il est aussi possible de commencer son histoire par une description dynamique : d’un paysage, d’un objet, d’un personnage… Imaginez votre description comme un zoom. Vous pouvez par exemple décrire très précisément un objet, dans ses moindres détails. Ainsi, le lecteur ou la lectrice se demandera quelle importance a cet objet et pourquoi le narrateur lui porte autant d’attention.
Si vous débutez votre roman par une description, nous vous invitons vraiment à la rendre la plus vivante possible, en allant à l’essentiel. Une description peut vite manquer de dynamisme, c’est pourquoi il faut être vigilant·e en commençant votre récit de cette façon.
Même si la description n’est pas la manière la plus simple de commencer son histoire, l’objectif est de réussir à donner un ton, un style à cette description pour qu’elle soit suffisamment vivante pour séduire les lecteurs ou lectrices. En tant qu’auteur·rice, votre style est en perpétuelle évolution et il est nécessaire de toujours le travailler pour le perfectionner. Notre article 5 conseils pour améliorer son style d’écriture regroupe, par ailleurs, plusieurs clés pour vous aider dans cette démarche.
Commencer son histoire en intriguant le·a lecteur·rice
Un bon moyen d’intéresser un·e lecteur·rice est de l’intriguer, de lui proposer un début d’histoire original, mystérieux, différent qui ne pourra pas le ou la laisser indifférent·e. Menez-le à ce qu’il se pose des questions, ainsi il ou elle voudra en lire davantage !
L’auteur Patrick Süskind commence son livre Le Parfum par : « Au XVIIIe siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus abominables de cette époque qui pourtant ne manqua pas de génies abominables. C’est son histoire qu’il s’agit de raconter ici. »
Dans cet incipit, l’auteur intrigue directement les lecteurs et lectrices en leur promettant une histoire hors du commun. Nous ne savons pas de quel « génie abominable » il parle, pourtant nous sommes déjà pris dans son histoire.
Il n’y a évidemment pas que trois types d’accroches possibles pour commencer un roman, mais si vous avez des difficultés à trouver comment commencer votre histoire, celles-ci peuvent être de premières pistes !
Les accroches à éviter
Au contraire, certaines accroches sont souvent considérées comme « à éviter » puisqu’elles risquent de ne pas suffisamment captiver le·a lecteur·rice pour lui donner envie d’en lire plus. Bien sûr, tout est possible en littérature, mais il y a juste certains écueils qu’il est préférable d’éviter, surtout lorsque vous écrivez votre premier roman.
Un début qui commence par un dialogue
Commencer son histoire par un dialogue n’est généralement pas la meilleure façon de débuter son récit. D’abord parce qu’écrire un dialogue de roman est un exercice compliqué : il faut réussir à le rendre naturel, à faire en sorte de bien différencier les personnages grâce à des mimiques ou des traits de caractère établis et de varier les modes de discours. Or, au début de votre roman, les lecteur·rices ne connaissent rien de vos personnages et risquent de difficilement suivre la discussion. Ensuite, n’étant pas émotionnellement attaché·e aux personnages de l’histoire, il va être compliqué pour le lecteur ou la lectrice de s’impliquer dans le dialogue.
Lorsque nous parlons de dialogue, nous pensons évidemment au trop long dialogue. Mettre une ou deux phrases d’échanges entre deux personnages dans votre incipit est évidemment possible, et même intéressant pour donner du souffle aux passages narratifs.
Nous avons d’ailleurs regroupé, dans un article du blog, tous nos conseils pour apporter des réponses à la question Comment écrire un bon dialogue de roman ?
Un début qui ne suscite pas d'intérêt ou d'émotions
Cela rejoint un petit peu ce qui a été dit ci-dessus, mais il est primordial que le début de votre histoire, dès ses premières phrases, suscite de l’intérêt chez les lecteur·rices. Si vous ne leur procurez aucune émotion – que ce soit de l’étonnement, du rire, du stress, de l’inconfort ou de la tristesse – vous pouvez être certain·e que la lecture de votre roman n’ira pas beaucoup plus loin.
Doser les informations ou comment ne pas tout révéler
La structure narrative d'un récit
Vous êtes sûrement déjà familier·ère avec la notion de structure narrative du récit : il existe une situation initiale (ou incipit), un élément déclencheur, un nœud (ou des péripéties), un dénouement et enfin la situation finale.
Lorsque vous écrivez votre incipit, il faut donc garder en tête que vous ne devez dévoiler aux lecteur·rices que les informations nécessaires à la compréhension de la situation initiale. Le reste, le lectorat n’a pas encore besoin de le savoir !
Par exemple, évitez, dans les premières pages de votre récit, de revenir sur la vie entière des personnages, et gardez des informations pour la suite de votre schéma narratif.
Le risque de créer un déséquilibre
En ne dosant pas les informations que vous divulguez au début de votre histoire, vous risquez de créer un déséquilibre pour la suite de votre intrigue. En effet, si le passé de votre personnage principal est déjà connu des lecteur·rices ou que l’univers entier du livre a déjà été complètement exposé, vous n’aurez plus rien de nouveau à leur écrire ! Il sera aussi plus difficile pour vous de créer de l’inattendu et de réussir à surprendre vos lecteur·rices. Gardez-en sous le coude !
Les personnages ou le socle d'une histoire
Vos personnages sont un pilier fondamental de toutes les histoires que vous allez raconter. C’est notamment par eux que vous allez transmettre des émotions aux lecteur·rices et tout simplement donner vie à votre intrigue.
Éviter les descriptions trop précises
Lorsque vous commencez l’écriture d’un récit, il faut forcément introduire vos personnages. Le but est de leur créer une histoire, une psychologie, des particularités physiques et mentales qui en feront des personnages uniques et marquants.
Souvent lorsque nous lisons des manuscrits, les auteurs ou autrices ont tendance à décrire leurs personnages dans les moindres détails, dès les premières pages de l’histoire. C’est une erreur, car le·a lecteur·rice n’a pas besoin d’en savoir autant dès le début ; au contraire, il ou elle risque d’être noyé·e dans un tas d’informations, qu’il·elle n’a pas le temps d’analyser et de retenir. Il faut en garder pour la suite, pour rendre ce personnage attachant, vivant et singulier tout au long de l’intrigue. C’est en disséminant des détails sur vos personnages sur toute la durée de votre histoire que vous renforcerez leur personnalité.
Il est également nécessaire que vos personnages – les héros et héroïnes de votre texte – soient construits de façon cohérente et précise. Pour leur donner à chacun une touche d’originalité et leur attribuer une personnalité intéressante, il peut être utile de réaliser une fiche personnage pour chacun d’eux. Nous avons d'ailleurs consacré deux articles sur ces sujets : Comment créer une fiche personnage pour un roman ? et Comment écrire une backstory passionnante ?
Caractériser les personnages dès le début de l'histoire
Maintenant que nous vous avons conseillé de décrire vos personnages – sans en faire trop –, comment faire pour trouver le juste milieu et rendre vos personnages captivants dès le début de l’histoire ? En tant qu’auteur·rice, vous devez trouver, parmi toutes les particularités de votre personnage prévues dans votre fiche, laquelle vous souhaitez mettre en avant dès le début de votre histoire. Est-ce que vous voulez le présenter par un de ses défauts ou par une de ses qualités ? Est-ce que vous préférez souligner une de ses mimiques ou une caractéristique physique ? À vous de choisir !
Par exemple, J.K. Rowling commence le premier tome de sa très célèbre saga Harry Potter en introduisant les personnages de Mr et Mrs Dursley. Dès le premier paragraphe, l’autrice dit : « Mr et Mrs Dursley, qui habitaient au 4 Privet Drive, avaient toujours affirmé avec la plus grande fierté qu’ils étaient parfaitement normaux, merci pour eux. » En lisant la suite de l’incipit, le lecteur ou la lectrice se rend compte du réel caractère du couple et se fait une idée très claire de qui est vraiment cette famille. Les personnages sont alors caractérisés pour toute la suite de la lecture.
Une fois que vous aurez déterminé de quelle façon vous souhaitez caractériser vos personnages, il ne vous restera plus qu’à dérouler le fil de leur personnalité au fur et à mesure des pages !
Lancer son histoire ou donner envie de lire la suite
Un incipit agit comme une promesse pour le lecteur ou la lectrice. Son rôle est de donner envie d’en lire plus, il faut que les lecteur·rices se sentent concerné·es par les personnages et happé·es par l’univers.
Le premier élément perturbateur
Le premier élément perturbateur de votre intrigue doit apparaître suffisamment tôt dans votre livre pour titiller la curiosité du lecteur ou de la lectrice et lui donner envie de pousser sa lecture au-delà des dix premières pages. Évidemment, il n’est pas nécessaire de mettre en place un rebondissement trop important dès le début, une simple phrase ou un évènement inattendu à la fin du premier chapitre peut très bien faire l’affaire.
Pour parvenir à mettre davantage de suspense dans votre livre, nous vous proposons de consulter notre article qui rentre dans les détails de l’utilisation du cliffhanger : Le cliffhanger, la clé d’un suspense réussi.
Quelques idées pour bien terminer son incipit
Le défaut
Dévoiler un défaut ou un vice d’un personnage auquel le lecteur ou la lectrice ne s’attendait pas. Par exemple, vous avez dépeint votre personnage principal comme quelqu’un d’enjoué et heureux. Vous pouvez terminer votre incipit en créant une situation qui va le pousser dans ses retranchements et dévoiler une faiblesse.
Le secret
Révéler un secret peut être un bon moyen de retenir l’attention des lecteur·rices et de leur donner envie de tourner la page pour lire le prochain chapitre de votre livre. Si vous écrivez un roman policier, donner une première piste ou hypothèse sur l’enquête en cours est un bon moyen de lancer votre histoire.
L'engrenage
Il est important que votre premier chapitre, votre incipit, ne soit pas qu’une succession de descriptions de faits et d’évènements, au risque de ne pas faire démarrer l’histoire correctement. Pour que l’histoire semble naturelle dès le début, il faut créer une relation de cause à effet entre les différents évènements présentés.
L’idée est que vous vous nourrissiez de tous ces conseils, que vous écriviez des romans de littérature jeunesse pour des enfants ou des ados ou que vous écriviez de la fiction, destinée à un public plus âgé.
L'atelier Incipit chez Édith & Nous
Parce que chaque histoire est différente, et pour apporter un regard précis et personnalisé sur chaque texte, nous avons créé l’atelier Incipit pour permettre aux auteurs et aux autrices d’avoir une analyse détaillée des 10 000 premiers signes de leurs manuscrits.
Un conseiller littéraire, expert de la structure narrative, annote et analyse le début de votre manuscrit et vous remet une note détaillée, de deux pages, sur les points forts et les différents axes de retravail de votre incipit. Un dossier complet de 12 pages vous est également envoyé, vous présentant les 8 clés pour réussir tous vos incipit.
Vous pouvez bénéficier de cet atelier même si votre texte n’est pas entièrement terminé, ce qui vous permettra d’avoir un premier avis sur votre histoire afin de poursuivre son écriture en commençant avec de bonnes bases.
Nous espérons que cet article vous aura été utile et qu’il vous aidera à commencer l’écriture de votre histoire de la meilleure façon et à écrire la version la plus aboutie de votre incipit.